Datation

Entre et 1906

Type d'objet

Dimensions

hauteur 79 cm — largeur 109 cm

Numéro d'inventaire

238

Identifiant Urban

38788
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Description

Juliette Wytsman, née Trullemans, est connue comme peintre de fleurs. Un sujet de prédilection qui semble répondre aux recommandations d’humilité prônées par la société de cette fin de XIXe siècle vis-à-vis des artistes femmes. Cependant le talent de Juliette dépasse le simple passe-temps et si elle aime les fleurs, elle se distingue des peintres de nature morte en les représentant pleines de vie, dans leur environnement naturel. « L’art de Mme Juliette Wytsman consiste à touffer et buissonner au premier plan de ses paysages des fleurs vivantes, si drues et si heureuses de vivre que ce serait un crime de les couper. » (L’indépendance belge, 16 février 1897)

Sa formation artistique, tout d’abord à la section artistique de l’école Bischoffsheim *– peut-être sous l’enseignement de Henri Hendrickx (1817-1894), père de l’architecte Ernest Hendrickx (1844-1892) – puis auprès du peintre gantois Jan Capeinick (1838-1890), lui donne les bases solides qui lui seront utiles dans la suite de sa carrière. Sa rencontre puis son mariage en 1886 avec Rodolphe Wytsman (1860-1927), ancien élève de Capeinick et un des fondateurs du Cercle des XX, loin de l’éloigner de son art lui permettent au contraire de développer tout son talent.

Selon Lucien Jottrand, Juliette Wytsman découvre, grâce à son époux, les peintres impressionnistes et le pleinairisme. Ils font de fréquents séjours à la Hulpe, où ils se lient d’amitiés avec l’écrivain Camille Lemonnier (1844 -1913) ou encore le peintre Émile Claus (1849 – 1924). Au début des années 1890, tout en conservant leur atelier dans la capitale (rue du Berceau à Bruxelles puis, à partir de 1903, rue Keyenveld à Ixelles), le couple s’achète une maison à Linkebeek. Là-bas, ils parcourent la campagne qu’ils peignent tous deux mais sans concurrence, ni ingérence (même si certains critiques se plaisent à reconnaître « l’influence de Rodolphe » dans l’œuvre de l’épouse et ne peuvent s’empêcher de voir de la « virilité » dans les tableaux de Mme Wytsman).

C’est également ensemble qu’ils exposent la plupart du temps, les tableaux de l’un.e se confondant parfois avec ceux de l’autre. Juliette Wytsman se démarque en donnant le premier rôle à ces fleurs de campagne qu’elle magnifie par des tonalités pleines de vie et de fraîcheur, tantôt dans le style impressionniste, tantôt penchant vers le pointillisme. Elle exerce également sa créativité dans les arts appliqués : la création d’éventails (qu’elle présente à l’exposition de Chicago en 1893), l’illustration de romans (comme Le Sang et les Roses de Camille Lemonnier) ou encore la reliure.

Reconnue et admirée de son vivant pour son indéniable talent, Juliette Wytsman devient, par ailleurs, au tournant des années 1890, professeur de dessins des princesses royales, Joséphine et Henriette. Elle sera également honorée de plusieurs décorations : chevalier de l’Ordre de Léopold (1906); officier de l’Ordre de la Couronne (1920) ; médaille de la reine Elisabeth (1921).

Elle décède le 8 mars 1925 des suites d’une « pénible » maladie. L’avis nécrologique, paru dans Le Soir du 15 mars 1925, précise que ses funérailles ont été suivies d’une incinération au Père-Lachaise à Paris**. En novembre 1925, une exposition rétrospective lui est consacrée au Cercle Artistique et Littéraire de Bruxelles. La même année, la commune d’Ixelles lui rend hommage en baptisant à son nom l’ancienne rue Raymond-Blyckaerts (Le Soir, 19 décembre 1925). 

Depuis leur mariage jusqu’à leur décès respectif, le couple Wytsman n’a quasi jamais cessé d’exposer, en Belgique bien sûr mais aussi en France, Allemagne, Italie …, et ce même pendant les années de guerre où il se réfugie en Hollande.

Le tableau Ronces en fleurs est exposé en septembre 1906 au Salon de Tournai (Le Courrier de l’Escaut, 27.09.1906). Il apparaît quelques années plus tard, en février 1909, dans le catalogue d’une exposition du couple au Cercle artistique et littéraire au Waux-Hall de Bruxelles. En 1928, dans le cadre de l’exécution  du testament de Rodolphe Wytsman, la toile est offerte en don, grâce à l’intermédiaire d’Herman Richir (1866-1942), au musée communal de Schaerbeek, en même temps que Paysage de Rodolphe Wytsman. D’une grande délicatesse de tons, il répond à la structure adoptée par la peintre soucieuse de mettre à l’honneur les fleurs et plantes rustiques du quotidien. 


* En 1926, Rodolphe Wytsman fera à l’école un don de 20.000 francs en mémoire de son épouse (Le Soir, 30 juin 1926).

** Rodolphe Wytsman, quant à lui, sera incénéré à Paris et inhumé à Evere (Le Soir,  10 novembre 1928).

Sources

Archives communales de Schaerbeek, Patrimoine artistique, XIII.A.02.S01.D118

Catalogue d’Exposition d'oeuvres de Mr & Mme R. Wytsman, Cercle Artistique et Littéraire, Waux-Hall, 18.02 1909 - 28.02 1909, Imp. F. Tilbury, Bruxelles, 1909 (œuvre exp. n°8).

Catalogue de l’Exposition rétrospective d’œuvres de Madame Juliette Wytsman au Cercle Artistique et Littéraire de Bruxelles du 5 au 15 novembre 1925, Bruxelles,1925 (œuvre exp. n°31).

 

Sur l’artiste

JOTTRAND, L. , Juliette Wytsman. 1860-1925, Louis Ferain, Bruxelles, 1926.

GUBIN, E., JACQUES, C. , PIETTE, V., PUISSANT, J., Dictionnaire des femmes belges. XIXe et XXe siècles. Ed. Racine, Bruxelles, 2006, p. 530 et 531.

CREUSEN, A., Femmes artistes en Belgique, . XIXe et début XXe siècle, L’Harmattan, Paris, 2007, p.237 et 238.

Quelques critiques d’époque sur l’œuvre de l’artiste

Le Journal de Bruxelles, 11 décembre 1888 et Le Soir, 06 décembre 1888

L’Indépendance belge, 24 novembre 1893

Le petit Bleu du matin, 10 avril 1894

L’Indépendance belge, 27 février 1895

L’Indépendance belge, 11 février 1899

« Nos femmes artistes. Mme Rodolphe Wytsman », Bruxelles Féminin, 15 décembre 1902, p. 6 et 7.

L’Indépendance belge, 09 février 1903, Le Journal de Bruxelles,  14 février 1903 ; L’Etoile belge, 08 février 1903

Le petit Bleu du matin, 20 février 1909

La Gazette de Charleroi, 24 février 1920

L’Indépendance belge, 09 mars 1925

La Meuse, 08 novembre 1925

Pour une approche de l’artiste vue sous son statut de femme artiste/femme d’artiste

CASPERS, B., Les femmes artistes et femmes d’artistes au sein des groupes artistiques des XX (1884-1893) et de la Libre Esthétique (1894-1914), mémoire de fin d’étude, Faculté de Philosophie et Lettres, ULB, 2014-2015.

CASPERS, B., Femmes artistes et femmes d’artistes : de l’exposition à la mise en scène. Le cas de Juliette Trullemans et Gabrielle Canivet, 2015 (en ligne sur Koregos)

Crédits

Discussion