Dessin au pastel par Walter Spitzer représentant un religieux juif orthodoxe barbu avec un chapeau shtreimel tenant un sac (talit et/ou tefillin ?) sous le bras gauche.
Datation
Lieu de création
Dimensions
Numéro d'inventaire
Identifiant Urban
Description
Walter Spitzer est un artiste peintre et sculpteur français,
d'origine polonaise, survivant et témoin de la Shoah. La famille n’est pas
orthodoxe plutôt traditionnaliste et elle respecte les fêtes religieuses
juives, Walter Spitzer dessine dès l’âge de quatre ans.
En juin 1940, les
Juifs sont bannis de Cieszyn et Walter Spitzer et sa mère sont envoyés dans un
ghetto à Strzemieszyce où il travaille comme aide-photographe, ensuite comme
soudeur, puis dans une usine. Il y sera raflé et envoyé à Blechhammer -
Auschwitz III-Monowitz camp de travail pour prisonniers de guerre, politiques,
juifs etc., où il travaille comme soudeur, dessinateur pour des plans etc. Il y
survivra en troquant de la nourriture contre des dessins, principalement de
femmes ou fiancées de détenus ou de gardiens. Il noue dans ce camp une amitié
indéfectible avec Jules Fainzang, Polonais comme lui mais déporté de France, de
cinq ans son aîné. Devant l’avancée des troupes soviétiques, Blechhammer est
évacué en janvier 1945.
Une marche de la mort l’emmène ensuite d’abord jusqu’au camp
de Gross-Rosen ou il restera 5 jours pour ensuite être envoyé à Buchenwald.
Walter est protégé par l’organisation clandestine de Résistance qui le fait
passer dans le « Grand camp » et il est enregistré comme électricien. En
échange, ils l’engagent à témoigner par le dessin des épreuves subies, une fois
la liberté retrouvée.
A nouveau évacué début avril, il parvient à s’évader avec
Jules aux alentours de Iéna et tous deux sont pris en charge par les troupes
américaines. Il suivra des études artistiques à l’École des Beaux-Arts de
Paris. N’ayant pu ramener ses dessins des camps d’extermination, il les refera
d’après mémoire. La plupart de ses dessins sont aujourd’hui conservés et
exposés au musée de Beit Lohamei Haghetaot, en Israël.
Devenu dessinateur reconnu après la guerre, il a illustré
les œuvres de Malraux, Sartre, Montherlant, Kessel et Kazantzákis. C’est lui
qui réalisera également, cette fois en tant que sculpteur le monument aux
Martyrs de la rafle du Vel d’Hiv » à Paris inauguré en 1994 par le président de
la république François Mitterrand. Kessel décrivant son art parle d’un « Un
monde chaud, léger, éclatant, presque féérique mais tenant solidement à la
terre par la densité des champs et des pierres, la tendre sensualité des chairs
et un sens étonnant de l’humain ». Selon l’écrivain Léon Abramowicz « « Les
symphonies des couleurs et des formes de Spitzer communiquent l’émotion et la
nostalgie ». Walter Spitzer lui-même, dans un interview explique que son art
est très réaliste et précis de manière à dire exactement ce que lui veut
transmettre, sans laisser place à l’interprétation d’un historien de l’art.
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