Description

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Henri Quittelier se voit confier le projet pour les cartons des vitraux du Hall des Échevins à l’hôtel communal de Schaerbeek, reconstruit suite à l’incendie de 1911, et, à l’époque, en fin de rénovation. Il s’agit de la première grosse commande d’après-guerre qui lui permettra de reprendre sa carrière d’artiste et de renouer des liens entre art et décoration, domaines qui lui étaient familiers de par son activité commerciale de peintre-décorateur, avant de servir dans l’armée. Élève de Jean Delville (1867-1953) à l’Académie de Bruxelles, il exprime ici sa veine symboliste dans des thématiques liées aux étapes emblématiques de la vie de l’homme et au passage du temps. Les sujets choisis – les âges de l’homme, les saisons, les éléments, et les actes de la vie – illustrent allégoriquement les affaires traitées dans les cabinets échevinaux de l’état civil.

Quelques différences subsistent entre certains dessins préparatoires conservés à Schaerbeek (La Mort, L’Automne) et les vitraux réalisés.

Exécuté en collaboration avec le maître verrier Florent Prosper Colpaert (1886-1940), déjà impliqué dans la décoration et la reconstitution des vitraux néo-Renaissance du bâtiment, le cycle – visible au public – est réalisé en verre coloré dans la masse et peint. Les dessins préparatoires, au fusain, don des héritiers, sont parfois montés sur un support en carton doré. Ils témoignent du changement de style de Quittelier dans l’après-guerre : les tons clairs et l’atmosphère féerique de ses premières œuvres laissent la place aux couleurs vives et aux traits plus marqués, fruit de son perfectionnement dans le dessin et la gravure. 

Si la conception des figures représentant les actes de la vie civile et les âges adoptent dans la plupart des cas une composition classique, les dessins des médaillons montrent plus d’originalité et une plus grande charge allégorique : un bateau flottant sur l’eau compare La Vie à un voyage, les ailes d’un rollier bleu, peut-être un hommage à Dürer, s’envolent dans L’Air, et un soleil brûlant incarne Le Feu. Les thématiques symbolistes sont pleinement développées dans le dessin de La Mort, où l’atmosphère crépusculaire et le nuage de fumée sortant de l’éteignoir que la Grande Faucheuse tient dans sa main, ont peut-être été jugés trop audacieux d’un point de vue iconographique ou technique, car le vitrail a été réalisé sur la base d’un autre modèle, Le Sommeil.   

Quittelier réalisera d’autres projets de vitraux et abordera tous les genres : peinture de paysage, portrait, gravure, arts décoratifs. Professeur à l’Académie de Nivelles, il fut fondateur et président du Centre d’Art à Uccle.

Auteur : Association du Patrimoine artistique, D. Prina, 2023

Sources

Sur l’œuvre :

De CROMBRUGGHE D., L’hôtel communal de Schaerbeek et la place Colignon, Bruxelles, Ministère de la Région Bruxelles Capitale, 2007, p. 34-35.

Sur l’artiste :

QUITTELIER, L., Henri Quittelier, 1884-1980, Bruxelles, Echancrure, 2009.
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