Emplacement
Datation
Type d'objet
Matériaux
Techniques
Exposition
Inscriptions
Dimensions
hauteur 40 cm — largeur 32 cm — profondeur 2.4 cm (avec cadre)
Numéro d'inventaire
Identifiant Urban
Description
La Saltimbanque fait
partie des nombreuses aquarelles que le symboliste anticonformiste Félicien
Rops, d’origine namuroise, réalisa à Paris où il s’installa à partir de 1874. Le caractère
inachevé de l’œuvre s’observe par les coups de crayons vifs esquissant à peine
le décor et par les touches de couleurs ponctuelles donnant vie à la scène. Ce
projet préparatoire a probablement donné lieu à la planche Les cabotinages
de femmes au sein du recueil des Cent légers croquis sans prétention pour réjouir les honnêtes gens,
commandé par le bibliophile Jules Noilly en 1878, et dispersé à sa mort.
Sur un cheval à bascule, la saltimbanque
dénudée est coiffée d’un bonnet carnavalesque singulier. De sa main droite, elle tient un sceptre de la Folie. Ce sceptre, aussi présent dans un dessin non
daté figurant une circassienne et intitulé La
Folie, fait écho à l’essai d’Erasme, L’Éloge de la folie, et à la
tradition du roi fou, qui semblent hanter la production ropsienne. Une femme
affranchie, en pleine possession d’elle-même, consciente de ses pouvoirs et
atouts, notamment érotiques ; voilà un des sujets de prédilection de
l’artiste, à la fois graveur, dessinateur, peintre et illustrateur. Que ce soit
par l’univers du cirque, celui de la prostitution ou de la misère alcoolique,
Rops met souvent en scène sur un ton satirique une féminité marginale et
décadente, parfois satanique.
À partir de 1870, Paris devient
une capitale du cirque, accueillant des spectacles dans la rue et construisant
même des lieux de représentations pérennes. Le microcosme coloré et téméraire
du monde circassien, loin des carcans de la société bien-pensante, inspire Rops, qui y consacrera plusieurs œuvres (L’Amour
mouché) et s’identifiera même à la figure du saltimbanque. « Je vais
me faire Saltimbanque et vivre avec les baladins ». « […]
lorsque les Saltimbanques jaunes & bleus qui étaient venus jongler dans la
cour de Thozée disparaissaient à l’horizon mon cœur les suivait aux pays vagues
et enviait leur sort. »
Sources
Abattoir Fermé: Divine Décadence, Tielt, Lannoo, 2016.
Carpiaux, V., Musée Félicien Rops. Guide, Stichting Kunstboek, Oostkamp / Musée Félicien Rops, Namur, 2022, pp. 74-79.
De Vos, J., The Circus We Are, catalogue d’exposition, Musée Félicien Rops, Namur, 13 mai –
25 septembre 2022, Stichting Kunstboek, Oostkamp, 2022.
d'HUART, N. et FORNARI, B., Musée communal d'Ixelles, Crédit Communal (Musea Nostra), Bruxelles, 1994, p. 25.
LEBLANC, C. (dir.), L’Art belge. Entre rêves et réalités. Chefs-d’œuvre du Musée d’Ixelles, ed. Silvana Editoriale, Milan, 2014.
Leblanc, C., Arte belga, catalogue d’exposition, Museo Carmen Thyssen, Malaga, 11
octobre 2022 – 5 mars 2023, Fundación Palacio de Villalón, Malaga, 2022, pp. 102-103.
Lettre de Félicien Rops à Léon
Dommartin, s.l, s.d. Namur, Musée Félicien Rops, n° éd. 2858.
Lettre de Félicien Rops à Théo Hannon,
Paris, 21/03/1879. Namur, Musée Félicien Rops, n° éd. 1919.
Les muses sataniques. Félicien Rops. Œuvres graphiques et lettres choisies, vu par Thierry Zeno, Les Éperonniers, Bruxelles, 1985, p. 87.
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