Nu

Dans ce Nu de 1907, le modèle est allongé dans une pose alanguie, mais dépourvue d’érotisme. La silhouette élancée se détache en un blanc ocré par des couches de tons superposés. Les contours se dessinent sur la masse colorée qui l’environne : châle drapé sur le fauteuil, tapis de table fait de touches multicolores, chapeau, bouquet… Ceux-ci sont traités dans une gamme de coloris assez restreinte, harmonisée par la présence d’une tonalité de fond orange sur laquelle l’artiste travaille en réserve. Cette couleur confère à la composition une luminosité chaleureuse dominant les tons sombres et rappelle l’influence nabie.

“Je cherche à réhabiliter les vieilles ocres, le rouge anglais, ainsi que le bon vieux noir d’ivoire lui-même” écrivait Georges Lemmen dans une lettre citée par R. Cardon et qu’il adressait à son ami W. Finch en novembre 1903.

Trois eaux-fortes datées de 1907, Modèle au repos, Modèle au repos à l’éventail, Modèle à l’éventail, montrent un nu et un intérieur semblables à ceux du tableau qui nous occupe. Robert Cardon, qui identifie le modèle comme étant Mathilde Beauvois, considère par ailleurs que l’eau-forte Modèle au repos serait une “oeuvre préparatoire ou en rapport” avec le Nu de 1907. D’autre part on retrouve dans ces œuvres la trace de l’admiration que Lemmen portait à Ingres.