Robe du soir

Robe du soir, tulle pailleté, vers 1932-1933.
Don Madame Scouflaire.

Les années 1930 contrastent fortement avec l’effervescence insouciante de la décennie précédente. Le krach boursier de 1929 et la montée des régimes totalitaires instaurent un nouvel ordre moral et esthétique, incitant les femmes à adopter une élégance plus mesurée et traditionnelle. Le stéréotype de la garçonne cède la place aux icônes glamour d’Hollywood, telles Marlène Dietrich ou Jean Harlow. Les cheveux s’allongent, tandis que les formes, autrefois dissimulées par des robes amples, sont désormais sublimées par des coupes ajustées. Là où les soutiens-gorges des années 1920 comprimaient la poitrine, ceux des années 1930 la sculptent et la mettent en valeur.

La femme élégante change de tenue plusieurs fois par jour selon ses occupations. Si la mode de jour reste fonctionnelle, la robe du soir, inspirée du glamour hollywoodien, devient sculpturale et résolument spectaculaire. Elle s’allonge dès 1929, sous l’impulsion de Jean Patou (1887-1936), et adopte des teintes sombres qui dominent jusqu’en 1935, avant de céder de nouveau la place à des couleurs plus vives et éclatantes. La robe du soir des années 1930 se décline sous de multiples formes : drapée à l’Antique, vaporeusement romantique, ou entièrement brodée de paillettes comme ce modèle fourreau noir. Le corsage est ici agrémenté de trois anémones en soie et velours rouge bordeaux, rose foncé et rose pâle tandis que deux plissés soleil incrustés dans les coutures latérales de la jupe apportent volume et mouvement.