Datation

1893

Type d'objet

Inscriptions

"Ant. Van Hammée" (peint, en bas à droite)

Dimensions

hauteur 250 cm — largeur 400 cm

Numéro d'inventaire

514

Identifiant Urban

39044
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Description

Rien ne vaut la description du Mundus Romanus d’Antoine van Hammée dans L’Indépendance Belge, à l’occasion du Salon de Bruxelles de 1893 : « Il [le public] va surtout aux grandes machines où l’on s’étrangle. Il compte les morts. (…) le Mundus Romanus de van Hammée, cette orgie où l’on s’égorge avec une amusante furie, (retient) à la rampe des groupes serrés et attendris le nez en l’air. Le sujet historique, dont un monsieur très fort, parlant à haute voix à son voisin donne l’explication, a conservé ses nombreux admirateurs.»

Ce tableau est en effet une représentation typique, bien que tardive, du monde romain comme civilisation décadente. Durant la seconde moitié du XIXe siècle, notamment chez les artistes académiques, cette perception négative de Rome succède à celle, opposée, qui avait été développée par les néoclassiques, dans le sillage de David.

On peut sans hésiter qualifier van Hammée de peintre Pompier ; le terme ayant été attribué à ce courant académique, non sans ironie, notamment en raison des nombreuses figures antiques casquées (VAN SANTVOORT, 2003, note 30). Ce goût fut assumé par van Hammée qui avait fait bâtir sa demeure, rue de Locht à Schaerbeek, dans le style néo-pompéien en 1878. On retrouve l’artiste posant fièrement sur une photographie ancienne devant le Mundus Romanus, dans une mise en scène de son atelier ; des casques, une arme et un chien posés sur une peau de panthère devant la toile (VAN SANTVOORT, 2003, fig. 8).

Antoine van Hammée eut une belle carrière. Originaire de Malines où il commença ses études d’art, il les poursuivit dès 1855 à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles avec François-Joseph Navez (1787 – 1869), avant d’y enseigner l’archéologie, l’histoire et l’histoire du costume (1878 – 1903). Il étudia également avec Jean-François Portaels (1818 – 1895) en 1864. En 1891, il devint conservateur du Musée des Arts Industriels & Décoratifs, section des Musées Royaux d’Art & d’Histoire. Ses peintures, dont beaucoup empruntent leurs thèmes à la Grèce antique, Rome et Pompéi, étaient réputées pour leur précision historique.

En 1905, la commune de Schaerbeek a donné son nom à l’une de ses artères et ainsi qu’à une plaque commémorative en son honneur, apposée sur la façade du n° 22 de la rue, au croisement de la rue Monrose. 

Auteur : Association du Patrimoine artistique, D. Tonglet, 2022

Sources

Sur l’œuvre :

VAN SANTVOORT, L., « De mise-en-scène van het 19de-eeuwse atelier », Gentse bijdragen tot de interieurgeschiedenis 32, 2003, p. 113-130, fig. 8-9.

L’Indépendance Belge, 02/10/1893, p. 1.

Sur l’artiste :

PIRON, P., Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Ohain, 2003, p. 1425.

BERKO P. et V., Dictionary of Belgian painters born between 1750 & 1875, Bruxelles, 1981, p. 694.

FLIPPO, W.M., Lexicon of the Belgian romantic painters, Anvers, 1981, s.n. Hammée, Antoine (van).

Sources utilisées pour le contexte artistique :

CLERBOIS, S., « Jean Delville, Prix de Rome : l’Antiquité et le symbolisme belge », dans TSINGARIDA, A. et VERBANCK-PIÉRARD, A. (éds), L'Antiquité au service de la modernité ? : la réception de l'antiquité classique en Belgique au XIXe siècle. Actes du Colloque international, 27-29/04/2005, Université libre de Bruxelles, Musée royal de Mariemont, Bruxelles, 2008, p. 83-92.

MARÉCHAL, D., « À propos du romantisme et de bien davantage. La peinture belge au temps du Roi Léopold Ier dans un large contexte », dans MARÉCHAL, D. et al. (éds). Le romantisme en Belgique : Entre réalités, rêves et souvenirs. Catalogue de l’Exposition, Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Espace Culturel ING, Musée Antoine Wiertz 18.03 2005 - 31.07 2005, Bruxelles, 2005, p. 11-19.
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