Libellule, Ph. Wolfers – © coll. Fondation Roi Baudouin / photo Hugo Maertens Bruges
Maison Cauchie : l'Odorat, P. Cauchie – KIK-IRPA
Etude d'iris, Ph. Wolfers – © coll. Fondation Roi Baudouin / photo Stéphane Bazzo pour KIK-IRPA
Biscuit et chocolat Delacre, P. Livemont – coll. commune de Schaerbeek

Bruxelles, capitale de l'Art nouveau : objectif réinventer la nature


« Voyez-vous, c’est à la nature toujours qu’il faut demander conseil. (…) Et quelle leçon pour l’architecte, pour l’artiste qui sait regarder dans cet admirable répertoire de formes et de couleurs ! ». Celui qui s’exprime avec tant d’enthousiasme, dans un article de la Revue des Arts décoratifs (1899), n’est autre qu’Hector Guimard, le fameux architecte français à qui l’on doit, entre autres, les non moins célèbres entrées du métro parisien et considéré comme chef de file de l’Art nouveau…en France. C’est pourtant la rencontre, en 1895, lors d’un séjour à Bruxelles, avec deux figures de proue de l’ Art nouveau belge, Paul Hankar et surtout Victor Horta, qui constituera le tournant décisif de la carrière de Guimard. S’il faut en croire l’article, c’est suite à une boutade d’Horta –  désormais passée à la postérité, qu’elle soit ou pas véridique, « Ce n’est pas la fleur, moi, que j’aime à prendre comme élément de décor : c’est la tige ! »–, que Guimard aurait eu l’illumination de ce qui sera son style nouveau.

Qu’un artiste puise son inspiration dans la Nature, voilà qui n’est pas bien neuf me direz-vous. Certes mais là où les artistes de l’Art nouveau se distinguent, c’est dans la réappropriation de celle-ci, aidés en cela par la vogue du Japonisme qui fait fureur en cette seconde moitié du XIXe siècle. L’influence de l’art japonais, et en particulier l’art de l’estampe, ouvre de nouvelles perspectives en rupture avec l’académisme passéiste alors en vigueur. Les magazines et revues d’art de l’époque en assurent une large diffusion auprès des jeunes créateurs ; ainsi la revue Le Japon artistique publié de 1888 à 1891 par Siegfried Bing, le marchand d’art connu quelques années plus tard pour avoir ouvert le magasin La Maison de l’Art nouveau à Paris sur l’exemple bruxellois – et oui, encore ! – de La Maison d’Art de la Toison d’Or.

Le monde végétal et animal a largement contribué à inspirer les artistes de l’Art nouveau dans presque tous les domaines : les papiers-peints, les vitraux, les textiles, l’affiche, la verrerie, la céramique, l’orfèvrerie, les bijoux – deux techniques artistiques dans lesquelles excelle Philippe Wolfers, dont l’habilité et la créativité seront reconnues et célébrées bien au-delà de nos frontières, mais dont l’élégance et l’extrême raffinement ne seront jamais aussi bien représentés que par ses croquis et épures exquis. Les quelques exemples ci-dessous constituent un échantillon très succinct de cette variété d’œuvres où la Nature devient muse. N’hésitez pas à poursuivre plus loin votre découverte à travers les collections ainsi mises en exergue.     

« Quelques » références pour aller plus loin …

ADRIAENSSENS, W.,  La dynastie Wolfers : de l’Art nouveau à l’Art déco, Pandora, Anvers, 2007.

GOSLAR, M., Victor Horta 1861-1947 : l’homme, l’architecte, l’art nouveau, Fondation Pierre Lahaut, Bruxelles, 2012.

Coll., Flora’s Feast, cat. d’exposition, Bruxelles, 2015.