« …ils [Horta et Hankar] comprennent l’architecture comme la synthèse des manifestations plastiques, embrassant, outre le bâtiment, la décoration et l’ameublement de toutes ses parties.

Chose remarquable (…) il s’est trouvé des propriétaires que n’ont point effarouchés ces proclamations révolutionnaires. »

MAUS, O. et SOULIER, G., « L’art décoratif en Belgique », Art et Décoration, juil.-déc. 1897, p. 91.

« …la décoration n’est que le développement de la pensée créatrice de l’architecte et ne peut être disjointe du gros œuvre ; que le mobilier lui-même s’accorde, de même que la ferronnerie, le vitrail, la boiserie, les tissus, etc. avec la conception d’ensemble pour en assurer l’unité. »

MAUS, O., « Architecture moderne », L’Art moderne, n°11, 18 mars 1900

Que vous vient-il à l’esprit lorsque l’on vous dit « Art nouveau » ? Le nom de Victor Horta sans doute, puis des images : d’élégantes façades, d’imposants hôtels particuliers destinés à une bourgeoisie aisée et privilégiée, des intérieurs somptueux avec escalier monumental et verrière traversée par une lumière aux reflets subtils… Mais l’Art nouveau, c’est bien plus. C’est tout un concept initié, à la fin du XIX^e siècle, par de jeunes artistes – et pas que des architectes – ambitieux sans doute, mais avant tout soucieux de renouveler le genre, de sortir des sentiers battus et de « casser le moule » qui les renvoyait depuis des décennies aux sempiternels styles du passé, à l’imitation des « grands maîtres » au goût sûr et absolu. C’est un art qui s’est voulu résolument adapté à la modernité de l’époque ; un art tout entier dédié au mode de vie et à la personnalité de ses commanditaires.

Un art total, « sur mesure », jusque dans ses moindres détails : la décoration, le mobilier, l’éclairage, les cache-radiateurs, les papiers-peints, les bibelots, les poignées de porte … c’est ce concept qui a rendu l’Art nouveau unique mais aussi fragile car éphémère. En effet, conçu comme une globalité, il devient difficile, voire impossible, à adapter aux évolutions (des goûts, des techniques, des mœurs…) sans en dénaturer, ne serait-ce que partiellement, l’esprit dans lequel il a été créé.

C’est pourquoi rares sont les témoignages complets encore in situ de cet art total. Vous pouvez vous approcher de l’idée en visitant l’hôtel Solvay, le Musée Horta – où se trouvent les modèles en plâtre créés par V. Horta pour ses réalisations –, la Maison Cauchie ou encore l’ancien hôtel Cohn-Donnay.

Les quelques fiches illustrant ce thema ne représentent qu’un échantillon de la variété des réalisations créées dans cet esprit d’art total. Elles vous permettent de vous rendre sur les collections actuellement illustrées sur notre site où vous aurez un plus large aperçu de la créativité et des multiples talents de nos artistes Art nouveau.

« Quelques » références pour aller plus loin…

DIERKENS-AUBRY, Fr & VANDENBREEDEN, J., Art nouveau en Belgique. Architecture et intérieurs, Racine, 1991.

Coll., La Maison Cauchie. Entre rêve et réalité, Maison Cauchie asbl, Bruxelles, 2004.

Coll., Victor Horta : hôtel Aubecq, Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale, Bruxelles, 2011.

GOSLAR, M., Victor Horta 1861-1947 : l’homme, l’architecte, l’art nouveau, Fondation Pierre Lahaut, Bruxelles, 2012.

ADRIAENSSENS, W., « L’hôtel Solvay de Victor Horta : le somptueux palais urbain d’une famille d’industriels », Bruxelles Patrimoines, n°22, avril 2017, Bruxelles, p. 26-37.

MOUZELARD, Chr., « L’ancien hôtel Cohn-Donnay : un mobilier sur mesure », Bruxelles Patrimoines, n°29, décembre 2018, p. 34-39.