Jacques Moeschal – (photo très aimablement fournie par V. Moeschal)
Signe de Lumière - Porte de Namur – Ch. Bastin & J. Evrard © urban.brussels (BE_02165)
La flèche du génie civil - Expo 58 – coll. Belfius Banque-Académie royale de Belgique © ARB-Urban.brussels
Jacques Moeschal – (photo très aimablement prêtée par V. Moeschal)

Jacques Moeschal (1913-2004)

« Rigueur et Mesure »

Telle est la devise que s’est choisie Jacques Moeschal lorsqu’il fut anobli, au titre de chevalier, par le roi Baudouin en 1992. Comme tout ce qui le caractérise, ce choix a, sans nul doute, fait l’objet de mures réflexions de la part de cet artiste discret, dont le talent a très vite été reconnu bien au-delà des frontières belges (Autriche, désert du Neguev, Texas ou encore à Mexico).

Architecte de formation puis sculpteur (deux disciplines qu’il enseignera, pendant plus de 30 ans, à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles), Jacques Moeschal est l’auteur d’œuvres monumentales qui jalonnent, depuis la fin des années 1950 jusqu’à la veille de sa mort, survenue en 2004, l’histoire et le quotidien des Belges et des Bruxellois en particulier.

Bien qu’actif en tant qu’architecte et sculpteur dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, la reconnaissance médiatique et publique de Jacques Moeschal, au niveau national et international, n’a véritablement pris son essor qu’en 1958, à l’occasion de l’Exposition universelle de Bruxelles. Il est, en effet, l’un des pères de la flèche du génie civil, véritable prouesse technique et architecturale pour l’époque – malheureusement détruite en 1970 –, dont le profil aérien et épuré est la version aboutie d’une forme plastique déjà en gestation dans l’esprit du sculpteur dès le début des années 1950 et que l’on devine à travers plusieurs projets conçus dans le cadre de concours.

Depuis ce coup de maître, Jacques Moeschal n’a cessé de créer, ponctuant nos villes et nos routes de ses œuvres monumentales tout en faisant appel aux matériaux et aux techniques les plus modernes de l’époque comme le béton (Signal de Néguev – 1962 ; Signal de Zellik – 1963 ; Signal de Mexico – 1968 ; Signal d’Hensies – 1972… ), l’acier inoxydable (sculpture-fontaine de la Tour du Midi – 1966 ; linteau d’entrée Parking Ecuyer -1967-68 ; les Neuf Provinces – 1969 ; Signe de Lumière – 1999 ; la Voie des Airs – 2000-2002… )  l’acier Corten (sculptures « Deux Portes » - 1967 ;  le Cube pour le Centre culturel d’Auderghem – 1973 ; sculpture Les Venelles – 1979…).

Talentueux, visionnaire, passionné, sans concession, en somme profondément humain, Jacques Moeschal veillait soigneusement à l’intégration de ses œuvres au site ambiant, autrement dit en tenant compte du lieu, de l’environnement naturel et architectural, du contexte et de la finalité de l’œuvre. Tout en créant des œuvres aux formes géométriques abstraites, il restait cependant, d’une certaine manière, proche de la Nature, se réappropriant et réinterprétant la forme d’une branche ou d’une corolle de fleurs, jouant avec la lumière du jour ou avec le clapotis de l’eau.

Artiste et professeur respecté, il a aussi connu ses détracteurs, effrayés par la modernité et la monumentalité de ses créations. S’il a vécu, en 1970, la destruction de sa flèche du génie civil et, en 1999, le déplacement vers Zaventem d’une de ses sculptures Parking « Deux Portes », il n’a heureusement pas assisté à la démolition de sa fontaine de la place de la Monnaie lors des travaux de réaménagement de la place en 2012 ; ni au démontage du grand plan de la rue de l’Industrie vers 1998 ou des linteaux du Parking 58 en 2017 (dans l’attente d’une nouvelle affectation).

Jacques Moeschal reste malgré tout bien présent dans la capitale, comme vous le démontre la carte ci-dessous recensant les œuvres que côtoient au quotidien les Bruxellois et tous les amoureux de la région et des œuvres d’art d’exception.

Sources

ROBERTS-JONES, Ph., Jacques Moeschal ou la sculpture architectonique, CFC-Éditions (les carnets d’architecture contemporaine), Bruxelles, 2002.

FLAMENT, R. et MOESCHAL, V., Moeschal. Sculpteur - architecte, 1913-2013, 180° éditions, Bruxelles, 2014.

CRUNELLE, M., « Les aléas de l’œuvre d’un sculpteur », in Revue du Cercle d’Histoire de Bruxelles et extensions, n°140, juin 2018, p. 22-24 et n°142, décembre 2018, p. 10-12 (erratum).

Moeschal Jacques | Art-info.be

coll. , Jacques Moeschal, Editors A. Campens, R. Le Grelle & I. Strauwen, Architecture Curating Practice, 2021.