Esprit du feu

Né à Schaerbeek en 1893, Adolphe Léopold Ledel fait ses études artistiques au sein de l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles auprès de professeurs de renom tels Charles van der Stappen, Isidore de Rudder, Albert Aerts. Il suit également des cours particuliers auprès de Thomas Vinçotte.  Sculpteur, médailleur, céramiste et artisan, Dolf Ledel est un véritable bourreau de travail qui ne cessera de produire pendant plus de 50 ans. Il décède en 1976 à Neuville-Francorchamps.  

Le Musée van Buuren possède une œuvre particulièrement atypique dans le catalogue typologique de Dolf Ledel : des chenets en bronze doré pour la cheminée du salon, représentant, à leurs extrémités, deux figures hiératiques. Ce couple, nommé Esprit du feu et réalisé en 1929 à la cire perdue, évoque par son attitude et ses drapés les figures antiques égyptiennes redécouvertes dans le contexte d’égyptomanie en vogue dans les années 1920-1930, jusqu’au sein de la famille royale belge. En effet, en 1923, la reine Elisabeth, familière des Van Buuren, assiste à l’ouverture de la dernière chambre funéraire du tombeau de Toutankhamon – évènement dans la foulée duquel est créée, sous le patronage de la reine, la Fondation égyptologique – puis, en 1930, elle visite Gizeh et le tombeau de Ramsès 1er. S'agit-il d'une commande particulière des Van Buuren à l’artiste, chez lequel certains critiques de l’époque se plaisent à souligner l’influence des sculpteurs antiques tantôt égyptien, assyrien ou encore mycénien. Cependant, si la représentation à la fois de face et profil à la manière des bas-reliefs égyptiens est indéniable, le traitement des visages et particulièrement de la chevelure est résolument moderne comme capturée dans le mouvement d’une société désormais entrée en course perpétuelle vers toujours plus de progrès.