Emplacement
Datation
Type d'objet
Matériaux
Techniques
Exposition
Inscriptions
Dimensions
hauteur 68 cm — largeur 80 cm — profondeur 4 cm (avec cadre)
Numéro d'inventaire
Identifiant Urban
Description
Le coquillage rouge exemplifie la raison pour laquelle
le peintre néo-impressionniste Marcel Jefferys (1872 – 1924) est surnommé
« peintre de la transparence ». Il réussit grâce à de légères touches
claires à suggérer le reflet de différents objets posés sur une table en verre,
à savoir une conque, des petits coquillages et un grand bol rempli d’eau à
mi-hauteur. Grâce un emploi prédominant de blanc, les tons nacrés et reflets
colorés des coquillages ressortent avec brillance, dans une facture comparable
à celle de James Ensor.
Deux petits oiseaux, à peine
esquissés, se sont posés sur le rebord du bocal. Sont-ils entrés par la percée flanquée
de rideaux débouchant sur le rivage de la mer ? Une forme turquoise se détache
du fond du récipient. Serait-ce un poisson qu’observent attentivement les
deux petits volatiles ? Jefferys laisse planer le mystère et nous laisse
nous abandonner à notre imagination … Il cherche à nous transmettre avant tout des
impressions, des sensations au moyen de couleurs claires, mettant en exergue la
transparence de la lumière. Un autre tableau, Le bol de pavots, peint depuis la même fenêtre et dans lequel on
retrouve ce bol, garni cette fois-ci de fleurs, nous permet de situer la plage à l'arrière-plan. Étant donné que l’artiste a réalisé ces
œuvres en 1917, lorsqu’il était retranché à Londres en raison de la Première Guerre mondiale, la côte dépeinte est probablement anglaise.
Cette œuvre reflète les deux
grandes influences qu’a subies l’artiste voyageur Jefferys : d’une part, au
début de sa carrière, Emile Claus et le luminisme, courant pictural belge
accordant une grande importance à la lumière solaire et à son chatoiement, et
d’autre part, James Whistler, peintre américain virtuose du blanc, qu’il
découvrit lors de son exil londonien. Cette dernière découverte ainsi que celle
de William Turner marqua un tournant dans sa palette, tendant alors vers des tonalités
blanches et grises, moins éclatantes.
Il applique avec spontanéité en fines couches et touches la peinture à l’huile sur la toile, à la manière d’aquarelle sur papier, laissant transparaitre en plusieurs endroits le support, ce qui permet de rendre avec une grande précision la texture si particulière des rideaux. L’artiste Paul Colin avança à son propos : « Personne n’a poussé plus loin que Jefferys l’impressionnisme indépendant, celui qui utilise la spontanéité des moyens naturels d’expression et qui méprise les formules et les théories ».
Sources
de Bendere, R., Marcel Jefferys, Vermaut, Paris, 1929.
De Geest, J. (dir.), 500 chefs-d’œuvre de l’art belge, Racine, Bruxelles, 2006, p. 230.
D’Huart, N., et Fornari,
B., Musée communal d’Ixelles.
Bruxelles, Ludion Éditions, Gand, 1994, pp. 50-51.
Goyens de Heusch, S., L’impressionnisme et le fauvisme en
Belgique/Het impressionnisme en het fauvisme in België, catalogue
d’exposition, Musée d’Ixelles, Bruxelles, 12 octobre – 16 décembre 1990,
Ludion, Bruxelles, 1990, pp. 200-201.
« Jefferys, Marcel », dans Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe
et XXe siècles, vol. 1, Paul Piron/Editions Art in Belgium, Ohain-Lasnes,
2003, p. 764.
Leblanc, C., Arte belga, catalogue d’exposition, Museo Carmen Thyssen, Malaga, 11
octobre 2022 – 5 mars 2023, Fundación Palacio de Villalón, Malaga, 2022, pp. 38-47, p. 179.
Palmer, M., L'art belge. D'Ensor à Panamarenko. 1880-2000,
Racine, Bruxelles, 2013, pp. 89-90.
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