Emplacement

Exposé hors du Musée

Datation

1671

Type d'objet

Matériaux

Exposition

Less is more: Redefining the Kunstkamer, 18 avril 2023 — 30 avril 2023
Hyperreal-The art of trompe l'oeil, 22 février 2022 — 22 mai 2022
De Durer à Tiepolo, 18 juin 2021 — 12 septembre 2021

Inscriptions

"C.N.Gysbrechts A° 1671" (sur le bord de la table, à gauche)

Dimensions

hauteur 124.5 cm — largeur 184.5 cm (sans cadre)
hauteur 144.4 cm — largeur 186.8 cm — profondeur 4.5 cm (avec cadre)

Numéro d'inventaire

JBW 193

Identifiant Urban

29730
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Description

Le mystère plane encore sur le peintre flamand du XVIIe siècle, Cornelis Norbertus Gijsbrechts. Peintre à la cour des souverains du Danemark entre 1668 et 1672, il est considéré comme l’un des plus grands maitres baroques de trompe-l’œil. Cette toile, réalisée à Copenhague, doit probablement résulter d’une importante commande d’une quinzaine de trompes-l’œil passée à l’artiste par le roi Christian V, fervent amateur de chasse.

Une ample tenture en satin, relevée à mi-hauteur, dévoile une scène de retour de chasse au faucon. Lièvre, faisan et autres volatiles ainsi qu’un fusil, une gibecière/fauconnière (sac contenant le gibier abattu) et un cor s’accumulent sur une table parée d’une nappe d’un vert profond. On ressent l’influence de peintres animaliers flamands tels que Jan Fyt (Intérieur de cellier). Gijsbrechts reproduit avec une grande maitrise les différentes texture de la scène (plumes, fourrure, velours, cuivre).

La nature morte de gibier était considérée comme un « sous-genre » de la peinture au XVIIe siècle, mais tout de même le plus prisé par l’élite flamande et hollandaise dont la chasse demeurait le privilège. En effet, ce type de nature morte cherchait à refléter l’opulence, la richesse et le rang social du propriétaire de ce gibier et était exhibé dans les salles à manger des résidences et les pavillons de chasse. Les subtiles notes de rouge du capuchon de faucon et de la gibecière contrastent intentionnellement avec la gamme chromatique globale afin de rappeler le prestige de la pratique.

Virtuose de l’illusionnisme, Gijsbrechts interpelle directement le spectateur, l’invite à divulguer la scène en tirant sur le cordon et soulevant le rideau. Ce jeu théâtral illusionniste trompeur, correspondant pleinement à la veine baroque de la nature morte flamande, est en réalité double puisque l’œuvre était probablement elle-même protégée par d’authentiques rideaux. Cette tromperie évoque bien entendu le mythe antique de Zeuxis et Parrhasios, deux peintres grecs qui s’affrontèrent en duel afin d’élire le meilleur d’entre eux. Zeuxis arriva à leurrer les oiseaux avec des grappes de raisins peintes mais Parrhasios parvint quant à lui à tromper Zeuxis lui-même grâce à un rideau peint que ce dernier lui demanda de soulever afin de révéler son œuvre.

Sources

Arena, D. et Cleerebaut, T., « La nature morte », dans Carpiaux, V., De Vos, J., Degembe, M.-F., et Leblanc, C., Impressions picturales. D’Albrecht Dürer à Félicien Rops. Les collections du Musée d’Ixelles, catalogue d’exposition édité à l’occasion des expositions “Quartiers d’été du musée d’Ixelles” présentées par la Province de Namur au TreM.a  – Musée des Arts anciens du Namurois, “Une promenade picturale. De Dürer à Tiepolo”, du 18 juin au 12 septembre 2021, et au musée Félicien Rops, “Un été impressionniste. De Rops à Ensor”, du 18 juin au 3 octobre 2021, Mare et Martin, Paris, 2021, pp. 64-73.

De la Fuente Pedersen, E., « Cornelis Gijsbrechts and the perspective Chamber at the Royal Danish Kunstkammer », Statens Museum for Kunst. Journal, 2003-2004, p. 84-107.

D’Huart, N., et Fornari, B., Musée communal d’Ixelles. Bruxelles, Ludion Éditions, Gand, 1994, pp. 16-17.

Golasseni, C., Musée d’Ixelles. Les collections, Silvana Editoriale, Milan, 2010, pp. 35-43.

Hipperreal, El arte del trampantojo, Thyssen- Bornemisza Madrid, 2022, p. 65.

Marlier, G., « C.N. Gijsbrechts, l’illusionniste », Connaissance des Arts, n° 145, 1965, p. 96-105.
Crédits

Discussion