Emplacement
Datation
Type d'objet
Matériaux
- support > toile (huile sur toile)
- matière colorante > peinture > peinture à l'huile
Techniques
Exposition
Inscriptions
Dimensions
hauteur 144.4 cm — largeur 186.8 cm — profondeur 4.5 cm (avec cadre)
Numéro d'inventaire
Identifiant Urban
Description
Le mystère plane encore sur le peintre flamand du XVIIe
siècle, Cornelis Norbertus Gijsbrechts. Peintre à la cour des souverains du
Danemark entre 1668 et 1672, il est considéré comme l’un des plus grands
maitres baroques de trompe-l’œil. Cette toile, réalisée à Copenhague, doit
probablement résulter d’une importante commande d’une quinzaine de
trompes-l’œil passée à l’artiste par le roi Christian V, fervent amateur de
chasse.
Une ample tenture en satin, relevée à mi-hauteur, dévoile une
scène de retour de chasse au faucon. Lièvre, faisan et autres volatiles ainsi
qu’un fusil, une gibecière/fauconnière (sac contenant le gibier abattu) et un
cor s’accumulent sur une table parée d’une nappe d’un vert profond. On ressent
l’influence de peintres animaliers flamands tels que Jan Fyt (Intérieur de cellier). Gijsbrechts reproduit
avec une grande maitrise les différentes texture de la scène (plumes, fourrure,
velours, cuivre).
La nature morte de gibier était considérée comme un
« sous-genre » de la peinture au XVIIe siècle, mais tout
de même le plus prisé par l’élite flamande et hollandaise dont la chasse demeurait
le privilège. En effet, ce type de nature morte cherchait à refléter l’opulence,
la richesse et le rang social du propriétaire de ce gibier et était exhibé dans
les salles à manger des résidences et les pavillons de chasse. Les subtiles
notes de rouge du capuchon de faucon et de la gibecière contrastent intentionnellement
avec la gamme chromatique globale afin de rappeler le prestige de la pratique.
Virtuose de l’illusionnisme, Gijsbrechts interpelle
directement le spectateur, l’invite à divulguer la scène en tirant sur le
cordon et soulevant le rideau. Ce jeu théâtral illusionniste trompeur,
correspondant pleinement à la veine baroque de la nature morte flamande, est en
réalité double puisque l’œuvre était probablement elle-même protégée par
d’authentiques rideaux. Cette tromperie évoque bien entendu le mythe antique de
Zeuxis et Parrhasios, deux peintres grecs qui s’affrontèrent en duel afin
d’élire le meilleur d’entre eux. Zeuxis arriva à leurrer les oiseaux avec des
grappes de raisins peintes mais Parrhasios parvint quant à lui à tromper Zeuxis
lui-même grâce à un rideau peint que ce dernier lui demanda de soulever afin de
révéler son œuvre.
Sources
Arena, D. et Cleerebaut,
T., « La nature morte », dans Carpiaux,
V., De Vos, J., Degembe, M.-F., et
Leblanc, C., Impressions picturales. D’Albrecht Dürer à Félicien Rops. Les
collections du Musée d’Ixelles, catalogue d’exposition édité à l’occasion des expositions
“Quartiers d’été du musée d’Ixelles” présentées par la Province de Namur au
TreM.a – Musée des Arts anciens du
Namurois, “Une promenade picturale. De Dürer à Tiepolo”, du 18 juin au 12
septembre 2021, et au musée Félicien Rops, “Un été impressionniste. De Rops à
Ensor”, du 18 juin au 3 octobre 2021, Mare et Martin, Paris, 2021, pp. 64-73.
De la Fuente Pedersen, E., « Cornelis Gijsbrechts and the
perspective Chamber at the Royal Danish Kunstkammer », Statens Museum for Kunst. Journal,
2003-2004, p. 84-107.
D’Huart, N., et Fornari,
B., Musée communal d’Ixelles.
Bruxelles, Ludion Éditions, Gand, 1994, pp. 16-17.
Golasseni, C., Musée d’Ixelles. Les collections, Silvana Editoriale, Milan, 2010, pp.
35-43.
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