Emplacement
Datation
Type d'objet
Matériaux
Techniques
Style
Exposition
Inscriptions
Dimensions
hauteur 58.2 cm — largeur 73.3 cm — profondeur 3.8 cm (avec cadre)
Numéro d'inventaire
Identifiant Urban
Description
Chamboulé par sa découverte des
Surréalistes à Paris au début des années 1920, le peintre et sculpteur catalan
Joan Miró (1893-1983) abandonne en 1924 le réalisme de précision qu’il
pratiquait jusqu’alors, pour se diriger vers des tableaux empreints d’onirisme
et de mystère. Tête de fumeur témoigne de ses premiers pas dans cette nouvelle étape de sa carrière artistique, influencée par les innovations surréalistes, telles que la fragmentation ou la
confrontation d’images inattendues. Miró propose
alors au spectateur un nouveau langage visuel assez ludique, multipliant les
indices à déchiffrer.
Dans une disposition évoquant
l’art pariétal, différents éléments et traces flottent de manière énigmatique
sur un fond brun, sans lien apparent ni logique narrative. Pourtant, regroupés,
ils nous fournissent de précieux indices quant à la symbolique de l’œuvre. L’artiste
fait écho au mythe antique du Minotaure, créature mi-homme, mi-taureau, dont on
peut reconnaitre les cornes blanches à pointe noire. Le quadrillage fait office
de métaphore du labyrinthe dans lequel le monstre était enfermé, tandis que le
sinueux fil noir figurerait le fil d’Ariane qui lui permit, à elle et au héros
Thésée, de s’échapper de cette arène géante. La maxime « Aux cœurs
vaillants, rien n’est impossible » rend hommage à leur courage et à leur
amour, sous la forme d’un rébus dessinant deux cœurs entrelacés. Cette
intégration de l’écriture dans une œuvre peinte s’inscrit dans la continuation des
expérimentations dadaïstes que Miró connait bien. Ce courant artistique révolutionnaire
né en 1915 cherche à renverser les codes traditionnels de l’art, tout comme le
Surréalisme. À noter que le mythe du Minotaure était particulièrement prisé par
son ami Pablo Picasso et par le mouvement surréaliste, qui l’emploiera d’ailleurs
comme titre d’une revue à partir de 1933.
L’œuvre de l’artiste catalan a
rejoint en 1977 par un « heureux accident » les collections du Musée
d’Ixelles, avant tout consacrées à l’art belge. Il faut pour cela remercier le
marchand et collectionneur ixellois Marc Janlet qui légua plusieurs
œuvres exceptionnelles, dont une autre de Miró, Le cheval de cirque (1927).
Sources
Carlos, M., (dir.), Miró Poema, Fundación
MAPFRE, Madrid, 1er juin – 29 août 2021, p. 25.
D’Huart, N., et Fornari,
B., Musée communal d’Ixelles.
Bruxelles, Ludion Éditions, Gand, 1994, pp. 76-77.
Kortegaard Madsen, C. et
Haberkom, L., Miró & Jorn, catalogue d’exposition, Museum Jorn, Silkeborg, 21
avril – 29 août 2021, Museum Jorn, Silkeborg, 2021.
Xerri, C., « Miro à Paris, 1924-1925 »,
dans Salaün, S. et Trenc, E. (éd.), Les
avant-gardes en Catalogne (1916-1930), Presses Sorbonne Nouvelle, Paris,
1996, pp. 115-127. URL : https://books.openedition.org/psn/1254?lang=fr
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