Divan Japonais

En 1893, le nouveau directeur du Divan Japonais, Edouard Fournier, fait appel à Toulouse-Lautrec pour raviver la notoriété de ce café-spectacle. L’établissement vient de rouvrir ses portes et tente d’attirer une clientèle raffinée.

L’artiste choisit de placer à l’avant-plan de son affiche la talentueuse danseuse, Jane Avril. Bien qu’elle n’y apparaisse qu’en spectatrice, sa silhouette élégante capte tous les regards. A ses côtés se tient le poète et critique d’art, Edouard Dujardin. Sur scène, en haut à gauche dans un cadrage audacieux, on aperçoit le corps de la célèbre chanteuse Yvette Guilbert, reconnaissable entre toutes à ses longs gants noirs.

Pour son affiche, Lautrec s’est inspiré de L’Orchestre de l’Opéra d’Edgar Degas. Dans ce tableau, le peintre se focalisait sur la fosse d’orchestre, avec à l’arrière-plan, des danseuses, ayant la tête coupée.

Là, il séduit par sa modernité qui tient notamment à son traitement stylistique, largement inspiré des techniques de l’estampe japonaise très en vogue à l’époque. La silhouette de Jane Avril s’affirme dans un aplat noir puissant. Elle est accoudée à une table, uniquement suggérée par deux lignes obliques. Les formes, simplifiées à l’extrême, sont accentuées par des cernes noirs. Les cadrages et la perspective classiques sont bouleversés.

Toulouse-Lautrec apporte aussi un grand soin à ses couleurs. Elles sont pures, contrastées, contribuant à la lisibilité de l’affiche. Pour combler ses fonds, il recourt au crachis – de fines projections d’encre créées à l’aide d’une brosse à dents. Son lettrage, parfaitement maîtrisé, achève de faire de lui l’un des pionniers de l’art publicitaire.