Datation

Entre 1890 et 1900 (1892 et 1898 sont les dates de la première et de la dernière apparition de l’aiguière verte, également présente sur cette aquarelle, sur d’autres œuvres d’Evenepoel)

Type d'objet

Lieu de création

Soit atelier au 78 rue Dupont à Schaerbeek, soit atelier au 21 avenue La Motte-Picquet à Paris

Inscriptions

"H. Evenepoel" (peint, en bas à droite)

Dimensions

hauteur 53 cm — largeur 49 cm

Numéro d'inventaire

938

Identifiant Urban

39424
voir plus

Description

Henri Evenepoel fut un peintre belge prometteur, dont la carrière commençait à prendre son envol lorsque la maladie le faucha à Paris, à l’âge de 27 ans. Tout d’abord formé en Belgique, l’artiste acquit une solide maîtrise du dessin d’après nature et de la peinture à l’académie de Saint-Josse-Ten-Noode et dans les ateliers d’Ernest Blanc-Garin (peinture) et d’Adolphe Crespin (arts décoratifs). Arrivé à Paris en 1892, Evenepoel devint l’élève de Gustave Moreau en 1893, fréquentant assidument la scène artistique et les salons de la capitale française.

Cette nature morte à l’aquarelle, bien que modeste, suffit à révéler l’habileté de l’artiste dans le traitement des touches de couleur, des effets de lumières et de reflets. L’ambiance est automnale par les tons utilisés, les fruits sélectionnés et la branche séchée disposée dans le vase en céramique. La combinaison de ce dernier avec la poupée ajoute une touche orientalisante sans que ces objets ne soient nécessairement asiatiques. Un grand objet vert attire l’attention par sa forme étrange : il s’agit d’une demoiselle d’Avignon, une aiguière ottomane en céramique verte de Çanakkale, type de vase très recherché en France au XIXe siècle. Cet objet se retrouve au moins dans deux autres œuvres d’Evenepoel (collections privées) : La Chambre de l’artiste (Derrey-Capon, 1997, cat. 8), qui représente son atelier dans la maison paternelle schaerbeekoise en 1892, et Intérieur d’atelier (Derrey-Capon, 1997, cat. 212), une vue de son atelier parisien en 1897. Evenepoel devait donc tenir à cette aiguière pour l’avoir emmenée de Bruxelles à Paris. On peut se demander si sa présence entretient quelque lien avec La Liseuse de Matisse de 1895 (Centre Pompidou inv. AM 3968 P) dans laquelle un exemplaire d’aiguière pratiquement identique, à part l’anse torsadée, trône sur une commode. Les deux artistes étaient devenus amis en 1896, quelques mois avant l’exécution d’Intérieur d’atelier par Evenepoel.

Evenepoel réalisa un certain nombre de natures mortes, plutôt à l’huile, en 1898, afin d’augmenter ses revenus (Chartrain-Hebbelinck 1972, p. 42).

Auteur : Association du Patrimoine artistique, D. Tonglet, 2021

Sources

Les autres vues d’atelier d’Evenepoel :

DERREY-CAPON, D., « catalogue raisonné de l’œuvre peint », dans Henri Evenepoel 1872-1899, Bruxelles 1994, p. 211-345 (cat. 4, 8, 9 : atelier de Schaerbeek 78 rue Dupont ; cat. 212, 301, 302, 308 atelier de Paris, 21 avenue La Motte-Piquet).

Sur l’artiste :

CHARTRAIN-HEBBELINCK, M.J., Hommage à Henri Evenepoel, 1872-1899 : œuvres des collections publiques de Belgique : [exposition] du vendredi 13 octobre 1972 au dimanche 10 décembre 1972, Bruxelles, 1972.

CHARTRAIN-HEBBELINCK, M.J., « Henri Evenepoel face à Manet », dans Revue belge d'Archéologie et d'Histoire de l'Art LIV, 1985, p. 71-84.

Henri Evenepoel 1872-1899, Bruxelles 1994.

DERREY-CAPON, D. (éd.), Henri Evenepoel : Lettres à mon père 1892-1899, t. I-II, Bruxelles, 1994

ROBERTS-JONES, Ph., « Evenepoel et l'art de son temps », dans Signes ou traces. Arts des XIXe et XXe siècles, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 1997, p. 99-121.

MIN, E., Een schilder in Parijs : Henri Evenepoel (1872-1899), 2016.

VAUTIER, D., Henri Evenepoel : un destin brisé 1872-1899, Catalogue de l’exposition, Association du Patrimoine artistique, Bruxelles, 2016.

Sur l’étrange histoire des demoiselles d’Avignon de Çanakkale :

BASCH, S., Souvenir des Dardanelles : Les céramiques de Çanakkale, des fouilles de Schliemann au japonisme, Académie royale de Belgique, Bruxelles, 2020, p. 91-94.
Crédits

Discussion