Emplacement
Datation
Type d'objet
Matériaux
Techniques
Exposition
Inscriptions
Dimensions
hauteur 140.7 cm — largeur 70.8 cm — profondeur 5 cm (avec cadre)
Numéro d'inventaire
Identifiant Urban
Description
Cette peinture en
pied d’Albert Devis est représentative de l’œuvre d’Henri Evenepoel, grand
portraitiste belge des années 1890. Ce sont souvent ses proches qu’Evenepoel
immortalise, à Paris, où il parfait sa formation artistique, ou quand il rentre en Belgique, passer les vacances
en famille. Il en va de même ici – l’artiste réalise ce
portrait lors d’un congé d’été chez sa
tante Sophie à Wépion. Le garçon sérieux en habits du dimanche, une main appuyée sur son dos, l’autre empoignant une canne en bambou, est son petit-neveu Albert, 13
ans. Son frère André posera aussi, pour un second portrait très similaire,
aujourd’hui conservé dans une collection privée. Du moment de pose d’André, on a préservé la prise photographique,
servant d’appui lors de la réalisation du portrait. Evenepoel réalise alors d’innombrables clichés avec son tout nouveau Kodak, lui permettant de « fixer en image » les enfants
de son entourage.
Pour camper son petit-neveu en peinture,
Evenepoel s’inspire d’Edouard Manet,
dont il a pu admirer Le fifre (1866) à Paris, portrait très moderne d’un petit
garçon en uniforme, légèrement déhanché, jouant de la flûte en regardant le
spectateur droit dans les yeux. Outre cette inspiration au
niveau de la pose, Evenepoel partage avec Manet le choix d’un arrière-plan
monochrome de peinture pure. De ce fond « absent », la figure se
détache pleinement, ce qui lui fait encore gagner en intensité par la
focalisation de notre regard – un procédé que
Manet avait lui-même glané chez le célèbre portraitiste espagnol du XVIIe
siècle, Diego Velásquez.
Le talent
d’Evenepoel s’expose pleinement dans ce portrait au dessin très sûr, nous
montrant le jeune Albert Devis avec beaucoup de réalisme et de sensibilité. Il y affirme toute la modernité de sa peinture,
de la cravate rose qui vient rehausser le tableau d’une touche colorée, à la canne
dont il laisse le bout esquissé sommairement, comme si elle s’effilochait.
Albert Devis deviendra un grand industriel ; Henri Evenepoel s’éteindra malheureusement seulement deux ans après avoir réalisé ce portrait, une fièvre typhoïde l’emportant à ses 27 ans. Le portrait d’Albert est resté dans la famille Devis jusqu’à son acquisition par le Musée d’Ixelles, en 1995.
Sources
BROKKEN, A., Tekeningen van Henri Evenepoel 1872-1899: een speelse kroniek van de negentiger jaren: [tentoonstelling]: Sint-Niklaas, Stedelijk Museum, 8 november 1987-10 januari 1988: [catalogus], Stadsbestuur, Sint-Niklaas, 1987, p. 14.
MIN, E., Henri Evenepoel (1872-1899): een schilder in Parijs, De Bezige Bij, Amsterdam/Antwerpen, 2016, pp. 305-306.
OLLINGER-ZINQUE, G., Fixer le souvenir. L'artiste et son 'Pocket-Kodak', in Henri Evenepoel, 1872-1899, Crédit Communal, Bruxelles, 1994, pp. 181-205.
RATHBONE, E., Henri Evenepoel: An Abundance of Gifts, in Snapshot. Painters and Photography 1888-1915, Yale University Press, New Haven & London, 2011, pp. 127-151.
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