Datation
Type d'objet
Ensemble
Matériaux
- métal (structure)
- matière végétale > bois (socle)
- fibres synthétiques > polyamide (=nylon) (toile )
Techniques
Dimensions
hauteur 125 cm (socle)
Identifiant Urban
Description
Cette œuvre, conçue en 2023 par l’artiste Stephan Goldrajch dans le cadre de 2023 Brussels Art nouveau sous le commissariat de Paul Dujardin, se veut un hommage à la styliste et femme d’affaires viennoise Emilie Louise Flöge (1874-1952). Il s’agit d’une sculpture monumentale d’environ 3,50 m de hauteur, réalisée en mailles sur une structure métallique, inspirée des créations textiles d'Emilie Flöge. Située sur l’avenue de Tervueren à Woluwe-Saint-Pierre, à proximité du palais Stoclet, elle est inaugurée le 19 avril 2024.
Emilie
Louise Flöge
La famille Flöge
fait partie du cercle intime du peintre Gustav Klimt (1862-1918), qui réalise
plusieurs portraits de ses membres. En 1891, le frère de Klimt, Ernst
(1864-1892), épouse Hélène Flöge (1871- 1936) avec qui il aura une fille
également prénommée Hélène. Suite au décès prématuré de son frère, Gustav Klimt
devient le tuteur officiel de sa toute jeune nièce, renforçant les liens qui
l’unissent avec les Flöge, ce qui contribue à la naissance d’une relation
particulière et unique avec Emilie, la quatrième enfant de la famille. Qu’elle
fut amoureuse ou platonique, cette relation forte et assurément de confiance perdurera
jusqu’au décès du peintre en 1918 qui fit d’Emilie la légataire d’une partie de
ses biens.
Si l’œuvre
et la renommée de Klimt ont traversé le siècle, le nom d’Emilie Flöge est tombé
quelque peu dans l’oubli, tout juste connu par les passionnés du peintre comme
ayant été son modèle et sa compagne de cœur (certains experts pensent
reconnaître dans le couple du Baiser la représentation de celui formé
par Gustav Klimt et Emilie Flöge).
Pourtant,
Emilie Flöge a marqué la société viennoise du début du XXe siècle en
tant que créatrice de mode et femme d’affaires indépendante et à succès. Dès
1904 et pendant plus de trois décennies, elle dirige avec ses sœurs Hélène et Pauline puis sa nièce Hélène,
le salon de mode Schwestern Flöge [les sœurs Flöge], qui s’impose comme
un centre influent de la mode au sein de la capitale autrichienne, employant à
son apogée près de 80 employé.es. Les sœurs en confient la décoration
intérieure à Josef Hoffmann et Koloman Moser qui y appliquent la vision d’œuvre
totale (Gesamtkunstwerk) de la Wiener Werkstätte (WW) et son goût
pour les formes simples et géométriques (que l’on retrouve par ailleurs dans la
décoration intérieur du palais Stoclet du même Hoffmann).
La clientèle des sœurs Flöge appartient à la bourgeoisie viennoise. Pour répondre à l’attente de celle-ci, Emilie Flöge se rend annuellement à Londres et à Paris pour se tenir au courant des dernières tendances. Elle réalise cependant ses créations propres, pour le moins révolutionnaires pour l’époque : ses amples robes aux tissus à motifs géométriques dans la mouvance de la WW visent à délivrer le corps féminin de l’emprise du corset, participant à une forme de libération de la silhouette féminine. Plusieurs portraits de Klimt montrent de belles Viennoises portant des créations issus de l’atelier Flöge. Par ailleurs, comme le montrent les photographies d’époque – certaines prises par Klimt, notamment pour le magazine Deutsche Kunst et Dekoration – Emilie Flöge est la meilleure représentante de l’entreprise Schwestern Flöge ; que ce soit en privé ou lors d’occasions officielles, elle porte ses propres créations qu’elle pare de bijoux issus de la production de la Wiener Werkstätte.
Pauline décède
en 1917, Hélène en 1936, le salon des sœurs Flöge ne compte plus qu’Emilie et
sa nièce Hélène. L’Anschluss de 1938 les force à fermer définitivement. Peu à peu,
Emilie Flöge, modèle et compagne de Gustav Klimt, proche de Josef Hoffmann et
des artistes de la Wiener Werkstätte, rejoint
la liste des femmes de talent et de caractère tombées dans l’invisibilisation de l’Histoire.
L’artiste
Stephan
Goldrajch est un artiste contemporain qui vit et travaille à Bruxelles. Inspiré
par les traditions ancestrales, les rites et les techniques utilisées par les
artisans, il est fasciné par les interactions humaines et sociales. La démarche
artistique de Stephan s’incarne à travers différentes techniques (crochet,
tissage, broderie, couture…). Elle repose aussi sur l’impératif de créer du
lien et de générer des relations. Il aime travailler avec des non–initiés, avec
ceux qui précisément ne jouent pas le jeu de l’art et qui se laissent saisir
par une expérience mystérieuse. Expérience qui renverse les rôles et les
conventions. Il part le plus souvent de carences et de manques pour réécrire
une histoire, la refondre et créer un ailleurs.
Sources
Pour en savoir plus :
Discussion