Emplacement
Datation
Ensemble
Dimensions
Identifiant Urban
Description
Il existe un lien étroit entre l’Art nouveau belge et
l’implantation coloniale au Congo initiée sous la souveraineté du roi Léopold
II. En recourant à un style artistique innovant et puisant pour partie son
inspiration dans la Nature pour promouvoir les ressources coloniales et attirer
les investisseurs, le gouvernement de l’État indépendant du Congo réalise une
opération marketing de génie qui fera monter en flèche les exportations.
Parallèlement, les artistes de l’Art nouveau bénéficient d’une visibilité non
négligeable sur leurs créations réalisées dans des matériaux issus de la
colonie et mis à leur disposition par le même gouvernement. Pour cette
association d’opportunisme, l’Art nouveau est devenu pour certains l’art coloniale
par excellence.
À côté de l’Art nouveau présent partout à Bruxelles, une autre œuvre symbolisant par
excellence « le Congo de Léopold II »: le monument à la mémoire des Belges
morts au Congo – également appelé monument du Congo ou encore monument des « Congolais »
dans les journaux de l’époque.
Bien que réalisé dans un style bien plus conventionnel que
celui de l’Art nouveau, le monument du Congo constitue sans doute une des réalisations
à la gloire de la colonie de Léopold II les plus controversées et les plus
contestables de par sa taille et surtout les nombreux stéréotypes qui y sont déployés.
Si l’idée d’un monument à la « mémoire des Belges
valeureux morts au Congo pour la cause de la civilisation et de
l’humanité » (L’avenir du Luxembourg, 01.11.1911) a été lancée en
1910, soit après la cession de la colonie à la Belgique (1908) et après le
décès de Léopold II (1909), à l’initiative du colonel Oswald Allard soutenu par
le gouvernement belge de l’époque, l’iconographie choisie par le sculpteur
Vinçotte renvoie aux premières années de la colonie. La lutte contre les
marchands esclavagistes, les missions évangélisatrices des Jésuites ou autres
congrégations religieuses, les campagnes militaires contre les Arabo-Swahilis menées
e.a. par le baron Dhanis ou encore le sacrifice courageux des soldats belges (le
sergent De Bruyne et le lieutenant Lippens).
Interrompu par la guerre, le monument ne sera finalement
inauguré qu’en 1921. Il le sera en grandes pompes en présence du roi Albert 1er
et de la reine ainsi que de nombreuses personnalités officielles (ambassadeurs,
ministres, personnalités militaires et de la Finance…) venus assister à une exaltation
de la grandeur de la Belgique à travers « l’œuvre de Léopold II ».
Placé dans le parc du Cinquantenaire, le monument, banalisé au fil du temps, malgré son ampleur et quelques protestations sporadiques, a été remis à l’avant-plan ces dernières années par les mouvements contestataires dénonçant une histoire à sens unique de la colonisation belge. C’est dans cette optique d’ouverture aux débats dans la volonté d’offrir une perspective plurielle et non plus seulement le point de vue des colons occidentaux que prend place l’œuvre de Traumnovelle, placée devant le Monument du Congo.
The Grand Opening
Cette œuvre a été commandée dans le cadre de l’Année Art nouveau 2023 portée par le Gouvernement bruxellois et pilotée par urban.brussels, sous la coordination générale du Commissaire Paul Dujardin. Elle s’inscrit également dans le plan d’action « Vers la décolonisation de l’espace public en Région de Bruxelles-Capitale ».
L’œuvre est composée d’un podium surmonté d’un
rideau type « Iso Gaze » monté sur un arc conçu en structure acier
tridimensionnelle et d’éléments légers complémentaires au projet. La structure
évoque l’estrade surmontée d’un dais dressée lors de l’inauguration du monument en
1921.
Une plaque, placée devant l'œuvre, propose de regarder "avec d'autres yeux" les scènes et citations représentées sur le Monument du Congo en mettant en évidence les stéréotypes raciales qui y sont véhiculés.
Traumnovelle
Traumnovelle
est une faction militante fondée par trois architectes belges : Léone
Drapeaud, Manuel Leon Fanjul et Johnny Leya. Traumnovelle utilise
l’architecture et la fiction comme outils analytiques, critiques et subversifs
pour disséquer de grandes problématiques contemporaines. Traumnovelle alterne
entre cynisme et enthousiasme en préconisant une approche multidisciplinaire et
une pensée critique en architecture tout en refusant de glorifier la banalité.
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