Emplacement

parc du Cinquantenaire, Bruxelles

Datation

Entre 2023 et 2024

Dimensions

hauteur 960 cm — largeur 2000 cm — profondeur 323 cm

Identifiant Urban

98614
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Description

Il existe un lien étroit entre l’Art nouveau belge et l’implantation coloniale au Congo initiée sous la souveraineté du roi Léopold II. En recourant à un style artistique innovant et puisant pour partie son inspiration dans la Nature pour promouvoir les ressources coloniales et attirer les investisseurs, le gouvernement de l’État indépendant du Congo réalise une opération marketing de génie qui fera monter en flèche les exportations. Parallèlement, les artistes de l’Art nouveau bénéficient d’une visibilité non négligeable sur leurs créations réalisées dans des matériaux issus de la colonie et mis à leur disposition par le même gouvernement. Pour cette association d’opportunisme, l’Art nouveau est devenu pour certains l’art coloniale par excellence.

À côté de l’Art nouveau présent partout à Bruxelles, une autre œuvre symbolisant par excellence « le Congo de Léopold II »: le monument à la mémoire des Belges morts au Congo – également appelé monument du Congo ou encore monument des « Congolais » dans les journaux de l’époque.

Bien que réalisé dans un style bien plus conventionnel que celui de l’Art nouveau, le monument du Congo constitue sans doute une des réalisations à la gloire de la colonie de Léopold II les plus controversées et les plus contestables de par sa taille et surtout les nombreux stéréotypes qui y sont déployés.

Si l’idée d’un monument à la « mémoire des Belges valeureux morts au Congo pour la cause de la civilisation et de l’humanité » (L’avenir du Luxembourg, 01.11.1911) a été lancée en 1910, soit après la cession de la colonie à la Belgique (1908) et après le décès de Léopold II (1909), à l’initiative du colonel Oswald Allard soutenu par le gouvernement belge de l’époque, l’iconographie choisie par le sculpteur Vinçotte renvoie aux premières années de la colonie. La lutte contre les marchands esclavagistes, les missions évangélisatrices des Jésuites ou autres congrégations religieuses, les campagnes militaires contre les Arabo-Swahilis menées e.a. par le baron Dhanis ou encore le sacrifice courageux des soldats belges (le sergent De Bruyne et le lieutenant Lippens).

Interrompu par la guerre, le monument ne sera finalement inauguré qu’en 1921. Il le sera en grandes pompes en présence du roi Albert 1er et de la reine ainsi que de nombreuses personnalités officielles (ambassadeurs, ministres, personnalités militaires et de la Finance…) venus assister à une exaltation de la grandeur de la Belgique à travers « l’œuvre de Léopold II ».

Placé dans le parc du Cinquantenaire, le monument, banalisé au fil du temps, malgré son ampleur et quelques protestations sporadiques, a été remis à l’avant-plan ces dernières années par les mouvements contestataires dénonçant une histoire à sens unique de la colonisation belge. C’est dans cette optique d’ouverture aux débats dans la volonté d’offrir une perspective plurielle et non plus seulement le point de vue des colons occidentaux que prend place l’œuvre de Traumnovelle, placée devant le Monument du Congo.

The Grand Opening

 Cette œuvre a été commandée dans le cadre de l’Année Art nouveau 2023 portée par le Gouvernement bruxellois et pilotée par urban.brussels, sous la coordination générale du Commissaire Paul Dujardin. Elle s’inscrit également dans le plan d’action « Vers la décolonisation de l’espace public en Région de Bruxelles-Capitale ».

L’œuvre est composée d’un podium surmonté d’un rideau type « Iso Gaze » monté sur un arc conçu en structure acier tridimensionnelle et d’éléments légers complémentaires au projet. La structure évoque l’estrade surmontée d’un dais dressée lors de l’inauguration du monument en 1921.

Une plaque, placée devant l'œuvre, propose de regarder "avec d'autres yeux" les scènes et citations représentées sur le Monument du Congo en mettant en évidence les stéréotypes raciales qui y sont véhiculés.

Traumnovelle

Traumnovelle est une faction militante fondée par trois architectes belges : Léone Drapeaud, Manuel Leon Fanjul et Johnny Leya. Traumnovelle utilise l’architecture et la fiction comme outils analytiques, critiques et subversifs pour disséquer de grandes problématiques contemporaines. Traumnovelle alterne entre cynisme et enthousiasme en préconisant une approche multidisciplinaire et une pensée critique en architecture tout en refusant de glorifier la banalité. 

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