Description

Ce dispositif, aujourd’hui exposé au LAB·AN x Hôtel van Eetvelde, prend la forme d’une grille biface où la narration est matérialisée grâce à la valorisation artistique des archives visuelles issues des différentes institutions muséales bruxelloises.

2023, entre urgence décoloniale et célébration de l’année Art nouveau, la double actualité de Bruxelles interpelle. En effet, les deux entreprises se connaissent déjà : la naissance du mouvement coïncide avec la période d’exploitation de l’État indépendant du Congo par Léopold II.

Les espaces aujourd’hui dits maisons-musées sont le fruit de commandes particulières. Véritables outils de propagande, ces maisons-portraits racontent leurs propriétaires et leurs fonctions. L’une d'entre elles, l’hôtel van Eetvelde, a été commandée par Edmond van Eetvelde, secrétaire d’État de l’État indépendant du Congo - et son épouse Esther Levionnois.

Parée de fastes et d’essences rares, l’hôtel est érigé pour valoriser les bénéfices de la mission coloniale. D’une part, dans l’acquisition de matériaux liés notamment à l’exploitation coloniale au Congo. D’autre part, dans l’acquisition de matériaux nobles exotiques qui permettent de valoriser les bienfaits financiers de la mission.

Escaliers et plafonds en padouk du Congo, sols en mosaïque de marbres vert et orange, murs parés de marbres rose et blanc, lambris en marbre vert des Pyrénées, cheminées et lambris en plaques d'onyx vert d’Argentine rehaussées de bronze doré, parquets en chêne, tapisserie mettant en scène plantes et animaux exotiques, colonnes en brèche violette d’Italie, cheminées en brèche sanguine d’Algérie, portes de service en pitch-pin et dans le bureau, mobilier d'origine en bois précieux (acajou, padouk et loupe d’érable).

Le spectacle architectural et décoratif émerveille autant qu'il questionne. Fait-il l’impasse, lors des visites guidées, des ressorts invisibles d’un style qui a parfois puisé son essence – ses essences – dans d’autres territorialités ?

Par la mise en exergue des histoires cachées et des détails non interrogés, cette proposition interactive vous invite à regarder derrière les discours de l’esthétique novatrice qui caractérise ces espaces. Derrière ces décors, des humains. Derrière cette idéalisation de la nature, l’appropriation des terres. Derrière ces textures, le vivant. Derrière ces matières naturelles, une longue traversée pour qui regarde au-delà des essences. Un voyage infini, fragmenté et subjectif.

........................

Curatrices - Ema Tytgat, Luna Van Aubel

Artiste - Ayla Kardas 

Designers - Shady Systems - Jan Rymenants, Vic van den Bossche

Sources

Archives visuellesRoyal Museum for Central Africa - Africa Museum, des Archives de la ville de Bruxelles, de l’Institut royal du Patrimoine artistique (KIK-IRPA), des Musées Royaux d’Art et d’Histoire, de l’Académie Royale de Belgique

Crédits

Discussion