Fascination 10 - Habiter l’art pour un art habité ?
Ayla Kardas
Ema Tytgat
Luna Van Aubel
Datation
Type d'objet
Ensemble
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Fascination 10 - Habiter l’art pour un art habité ?
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Identifiant Urban
Description
Véritable chef-d’œuvre Art nouveau, la maison de l’architecte Albert Roosenboom ne laisse rien au hasard : bow-window encadré de sculptures, balcon en fer forgé noir qui rétrécit en hauteur, décrottoir aux lignes sinueuses, mosaïques au sol du rez-de-chaussée et en façade, l’un des plus beaux sgraffites de Bruxelles, signé par un maître du genre : Privat Livemont. L’artiste a figuré un buste féminin qui, le doigt sur la bouche et les yeux clos, impose le silence. De son corps semblent naître des hampes de pavot - la plante du sommeil - pour rejoindre les pieds d’enfants nus sous des étoiles brillantes.
Aussi remarquable soit-elle, cette perle du patrimoine architectural a
vécu dans l’abandon pendant une dizaine d’années, avant d’être rachetée en 2020
par des particuliers. Comme de nombreuses constructions Art nouveau, elle a
subi la désuétude du mouvement dans le courant du XXe siècle.
Vidée de ses locataires, attaquée par la mérule, victime
d’infiltrations d’eau et désormais en pleine rénovation, celle que l’on nomme
Maison Roosenboom se remet lentement du vide – parfois occupé – qui l’a
habitée. Alors qu’elle s’apprête à devenir un lieu à la jonction entre espace
public et espace privé, la Maison Roosenboom efface les traces de sa courte
période squattée.
Les espaces vides à Bruxelles qui finissent par abriter des squats sont
nombreux. Tiers-lieux à la marge des dynamiques foncières de privatisation, ils
instaurent de nouvelles appropriations et partages de l’espace urbain.
Aujourd’hui, les squats en tant que tels disparaissent peu à peu pour laisser
place à des lieux artistiques indépendants, reconnus par des institutions suivant
une logique de projets et d’autogestion culturelle collective.
Rentables immédiatement et régis sous des conventions d’occupation
temporaire ou des baux précaires, ils valorisent l’image d’un quartier en
devenant souvent des lieux de sociabilité forte et de véritables étendards de
cohésion sociale.
La patrimonialisation des espaces Art nouveau, si elle tend à ouvrir
les espaces aux publics, reste l’apanage de la propriété privée et d’une
accessibilité hiérarchisée. Entre illégalité et légalité, précarité et richesse
culturelle, solitude et esprit de partage, espace privé et espace public, ce
squat sonore habite la frontière et s’intercale entre l’intime et
l’impénétrable de sa demeure, la ville, elle-même en pleine mutation.
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Extrait
sonore du dispositif à écouter au sein du podcast Art nouveau, un art pour tous.tes ? (FR)
https://shows.acast.com/halles-saint-gery/episodes/art-nouveau-un-art-pour-tous-tes
Curatrices - Ema Tytgat, Luna Van Aubel
Artiste - Ayla Kardas
Designers - Shady Systems - Jan Rymenants, Vic van den BosscheDiscussion