Fascination 6 - Qu’emporte-t-on de l’Art nouveau chez soi ?

Dans les maisons-musées, les objets promotionnels de l'Art nouveau mis en vente sont souvent annexes au parcours d'exposition. Sous forme de chaussettes, magnets ou cartes postales, ils sont parfois les seuls objets dont la manipulation est autorisée.

Dans le cadre du salon des fascinations, ils sont proposés au milieu même du parcours de l'exposition. Protégés sous vitrines, ils sont conservés comme des trésors précieux et intouchables. La première vitrine recense les objets réels disponibles dans les lieux dédiés de certains espaces muséaux. La seconde propose d’autres objets dérivés et de nouvelles formes d’authenticité.  En s'approchant, on remarque qu'il s'agit de traces uniques capturées lors de visites des biens classés.

Ces traces contemporaines forment des non-reliques de l'Art nouveau. Elles mettent en évidence la reconversion de la maison en espace muséal. S’agit-il d’un hommage sous verre à l'idéal réformiste (de l'époque) de faire du sincère, de l'honnête et de l'abordable ? Ou plutôt de brouiller la limite entre l’authentique et la reconstitution muséale ?

Ce « palais du goodies » explore le rôle de la patrimonialisation dans l'arrêt du temps. L’objet maison devenu musée, s’il donne à voir le décorum d’un passé révolu, peut-il réellement se soustraire du temps présent ?

À l’instar des boîtes à biscuit et autres objets communs qui ont largement contribués à la propagation du mouvement à la fin du XIXe siècle, ces objets dérivés à usage du quotidien, seraient-ils l’Art nouveau 2.0 ? L’Art nouveau trouverait-il sa continuité dans cette forme de viabilité économique ? Un art de tout, un art pour tous·tes ?

Dans un merchandising fluide, ces nouveaux goodies questionnent également notre rapport à l'artisanat et à la production à grande échelle. Ils réaniment les pourparlers qui opposent les aficionados de la singularité aux promoteur·ices de la sérialité.

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Curatrices - Ema Tytgat, Luna Van Aubel