Description

Cette installation a été présentée lors de l’exposition “Art nouveau, un art pour tous·tes ?”, qui a eu lieu du 6 janvier au 30 avril 2024 aux Halles Saint-Géry dans le cadre de Art Nouveau Brussels 2023.

Ici, l’artiste Charlotte Burgaud propose au public de s’immerger dans l’histoire vagabonde des pierres d’Aubecq et de devenir architecte/urbaniste en proposant du mobilier urbain conçu à partir de celles-ci. Des tampons et feuilles à entête sont mis à la disposition des visiteur·euses et leur permettent de créer de multiples propositions pour habiller nos rues.

L’Art nouveau est un style aujourd’hui aussi emblématique qu'il fut fugace. Apparu au début des années 1890 avec l’hôtel Tassel, le courant artistique s’éteint peu après la Première Guerre mondiale. Depuis, plusieurs réalisations Art nouveau, comme la célèbre Maison du Peuple, ont été démolies en Belgique pour cause de désintérêt ou d’intentions spéculatives.

En 1950, le permis de démolir pour l’hôtel Aubecq, conçu par Victor Horta, est délivré ; il sera l'une des premières œuvres à être sacrifiée, faisant place à un immeuble moderniste à appartements. Ferronneries, menuiseries et une partie de la façade sont sauvées in extremis par le ministre des Travaux publics, Auguste Buisseret, sous l’insistance de Julia Horta et Jean Delhaye.

Mais, après ce sauvetage, commence l’errance des éléments démontés. Que faire de la façade de l’hôtel Aubecq ? Pesant jusqu’à 3 tonnes, les pierres d’Aubecq se sont avérées complexes à stocker et à conserver dans de bonnes conditions : de Namur à Schaerbeek, en passant par Tervuren, les pierres ont été déplacées, enterrées, parfois volées, nettoyées, exposées, passant des mains de l’État fédéral à celles de la Région bruxelloise.

Restes d’un chef-d'œuvre architectural, les pierres d’Aubecq en sont le témoignage, mais ne peuvent servir à sa reconstitution fidèle. Pourquoi s’attacher à les conserver ? De quoi portent-elles le poids ?

Apportant à ces biens mobiliers et immobiliers un statut d’immortalité, parfois encombrant, qui a le pouvoir de décider de ce qui doit être conservé ? Faut-il faire le deuil de l’hôtel Aubecq, du moins dans sa forme originelle ?

Et si nous inscrivions à nouveau, sous d’autres usages, ce patrimoine commun dans l’espace public ? Et si la réappropriation par les Bruxellois·es de ces pierres et de l’Art nouveau commençait par une invitation à imaginer la ville de demain ? Une pierre comme prothèse anti-amnésiques, qui interpelle sur la destruction d’autres patrimoines, comme l’actuel Palais du Midi.

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Curatrices - Ema Tytgat, Luna Van Aubel

Artiste - Charlotte Burgaud

Designers - Shady Systems - Jan Rymenants, Vic van den Bossche

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