Description

Cette installation a été présentée lors de l’exposition “Art nouveau, un art pour tous·tes ?”, organisée du 6 janvier au 30 avril 2024 aux Halles Saint-Géry dans le cadre de Art Nouveau Brussels 2023.

« Un travail légal et digne, un accès à la formation dans les métiers en pénurie/fonctions critiques, et un droit inconditionnel à la protection lorsqu'ils·elles portent plainte, comme le prévoient les dispositifs européens et internationaux », Revendications des Travailleur·euses migrant·es avec et sans papiers CSC (Bruxelles, mars 2024).

Le dispositif Dans les coulisses, le travail domestique en question ? se présente sous la forme d’une scénographie de lutte engagée, mettant en lumière l'invisibilisation des tâches domestiques au sein des architectures Art nouveau et l'invisibilisation contemporaine du travail domestique. Un nouveau type de cartographie se raconte sur les panneaux de l'exposition, celui d'un bâti et d'espaces intimes ségrégués, ainsi que celui d’une invisibilisation systématique de vécus.

Dès son apparition, l’Art nouveau se fait le théâtre d’une architecture qui propose une dynamique nouvelle dans l’espace domestique. Plus qu’un regain de créativité dans l’univers de l’habitat, il introduit des codes intérieurs basés sur des dispositifs de circulation – des personnes, de la lumière, de la chaleur – plus fluides. L’attention portée aux séquences visuelles se veut créatrice d’une véritable scénographie du quotidien.

Au sein de l’hôtel Otlet, l’articulation architecturale établit une composition complexe et mouvementée. L'ensemble des pièces de vie se déploie dans une ascension hiérarchisée autour d’une cage d’escalier monumentale tenant lieu de puits de lumière. À celle-ci se combine une série d’espaces connexes beaucoup plus discrets – dérobés, opacifiés, invisibilisés.

Ces espaces « seuils », à la fois au-dedans et au-dehors, contribuent à la dépersonnalisation des travailleur·euses domestiques. Les traces de ces vécus résonnent alors avec les injonctions de l’époque : en faire des êtres « invisibles » dociles, éloigné·es des espaces intimes, tenu·es d’être sans yeux, sans oreilles et sans voix.

Aujourd’hui, les travailleur·euses de l’ombre qui œuvraient au bon fonctionnement des hôtels particuliers de l’Art nouveau sont encore très peu visibilisé·es au sein des maisons-musées. Que (ne) racontent (pas) les parcours de visites dans les maisons-musées Art nouveau ?

Ce dispositif particulier nous permet d'explorer une ambivalence au cœur de l'architecture Art nouveau : celle qui convoque la double-circulation de personnes et qui organise, dans l’ADN de l’espace intérieur, l’invisibilisation sociale du travail domestique. En créant un dialogue avec la lutte contemporaine, le dispositif veut ouvrir une réflexion sur les représentations et les récits autour du travail domestique d’hier et d’aujourd’hui.

L’objectif de la ligue des travailleuses domestiques de la csc de Bruxelles est de visibiliser le travail domestique de femmes qui luttent encore bien souvent pour l’obtention d’un séjour légal via le travail. En interne, le groupe veut tisser des liens de solidarité entre ses travailleuses-membres. Il veut faire connaître leur situation au grand public et au monde politique, en vue de renforcer leur identité positive et d’obtenir plus de reconnaissance quant à ce métier du care.

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Extrait sonore du dispositif à écouter au sein du podcast Art nouveau, un art pour tous.tes ?  (FR)

https://shows.acast.com/halles-saint-gery/episodes/art-nouveau-un-art-pour-tous-tes

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Conférence sur le sujet (FR) :  

https://shows.acast.com/halles-saint-gery/episodes/dans-les-coulisses-le-travail-domestique-en-question

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Curatrices - Ema Tytgat, Luna Van Aubel

Artiste - Ayla Kardas

Designers - Shady Systems - Jan Rymenants, Vic van den Bossche

Chercheur·euses - Apolline Malevez

Collaborateur·ices artistiques - La ligue des travailleuses domestiques csc


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