Tissu servant de cache serviette appelé Sederzwëhl avec représentation du sacrifice d'Isaac et d'Adam et Eve, Alsace, 1738.
Datation
Type d'objet
Lieu de création
Inscriptions
Dimensions
Numéro d'inventaire
Identifiant Urban
Description
Longue pièce de lin à trame serrée, terminée par de la
dentelle, brodée de fil de coton rose. Les origines du Sederzwëhl sont
plurielles : utilisé comme nappe de table recouvrant partiellement les
galettes azymes (matsoth) aux époques médiévales ou essuie main en usage pour
le seder de Pessah à partir du XVIIème siècle, lorsque les convives attablés se
passent une aiguière pour se laver les mains en signe de purification, le
mystère demeure.
Si l'on examine de près l'une de ces Sederzwëhl, on doit
convenir qu'il n'est guère commode de s'essuyer les mains avec une serviette
surchargée de broderies. Deux Hagadoth (rituels du Seder) enluminées du moyen
âge, celle de Cincinnati (Hebrew Union College, f° 2 v°) et celle du British
Museum (Ms Add. 14762, f° 6 r°) montrent une scène de Seder où apparaît notre
Zwëhl. Des personnages sont réunis autour du plat du Seder ; or ce plat est
partiellement recouvert d'une longue serviette à franges. Cette serviette est
étroite : elle couvre à peine la moitié du plat ; par contre, elle est très
longue puisqu'elle retombe des deux côtés de la table, ce qui lui donne les
dimensions approximatives de vingt à vingt-cinq centimètres de large sur une
longueur d'un mètre cinquante. La serviette servait de toute évidence à couvrir
les matzoth, pains azymes, conformément aux indications fournies par la Hagada
elle-même. La question se pose donc : serait-elle la survivance au 18ème siècle
d'un usage remontant au moyen âge et depuis lors abandonné ?
Celui de notre musée est de toute beauté et conforme aux
usages de la région, dans ses dimensions comme dans ses matières : lin
blanc, fils de coton rose. Son iconographie est particulièrement riche puisqu’il
offre deux scènes bibliques en plus du nom du donateur et de la date de
confection, rédigée en hébreu et en chiffres arabes. Il est rehaussé d’ornementations
florales, de motifs champêtres, d’animaux emblématiques. Il y a trois séquences
iconographiques. En haut, dans un cartouche surmonté de la couronne de la Torah
et entouré de deux lions rampants, un texte en hébreu : « 498 du petit
comput ; Shalom fils de Yehiel , - son souvenir est une bénédiction -
Malka fille de notre maître Monsieur Meir (Shalit) "qu'il vive
longtemps". En dessous : l’arbre de la connaissance portant des
grenades et un serpent qui remonte le long de son tronc. Il présente un fruit à
Eve qui en tient déjà un autre de l’autre côté. Adam à l’autre extrémité de l’arbre
lève les bras en signe de désapprobation. En bas, l’épisode d’Abraham mandé par
Dieu de sacrifier son propre fils, au dernier moment ce sera le bouc représenté
derrière l’arbre sur la gauche qui le sera. Surmontant la scène, texte hébraïque
tiré de (Genèse 22, 11-12) : « Et l'ange appela et dit n'envoie pas
ta main sur le garçon – 1738 ».
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