La tour de Lissewege

« Peintre de paysages. Étudie à l’Académie de Saint-Gilles ». Telles sont les seules informations que nous trouvons sur Julien Masson (Pacco 1994, p. 722). Et pourtant, au regard de des quelques œuvres répertoriées, toutes imprégnées d’une poésie intimiste et personnelle, Julien Masson possédait un réel talent. Il fut peintre de paysages, dessinateur, graveur et illustrateur. La commune de Schaerbeek possède ses trois seules œuvres listées dans une collection publique belge, outre un certain nombre d’illustrations dans des livres conservés à la Bibliothèque royale.

Si son paysage Parc Josaphat (inv. 243) dénote l’influence d’Émile Claus (1849 –1924), ses représentations urbaines et villageoises se rapprochent du travail d’Eugène Laermans (Molenbeek-Saint-Jean 1864 – Bruxelles 1940) par leur caractère géométrique et synthétique, tandis que la solennité silencieuse et nostalgique qui y règne n’est pas sans rappeler l’atmosphère poétique, à la fois sombre et nostalgique des vues brugeoises de Fernand Khnopff (Grembergen 1858 – Bruxelles 1921). Dans La Tour de Lissewege, celle-ci écrase de sa masse sombre les maisonnettes blanches de la rue principale du village flandrien. Les formes des éléments qui composent ce dessin, les nuages, les murs blancs à pignon, les toitures sombres et évidemment la puissante tour de briques possèdent une densité quasi minérale qu’accentue encore le jeu des contrastes lumineux obtenus par une subtile modulation du fusain et l’emploi de la craie blanche. Le dessin a été présenté par l’artiste à l’Exposition du Cercle artistique de Schaerbeek de 1936, sous le titre Lissewege en Flandre. C’est à cette occasion qu’il fut acquis par la commune. Julien Masson habitait alors au n°92 rue des Pâquerettes à Schaerbeek.

Auteur : Association du Patrimoine artistique, A. Jacobs, 2023