Le Passage

Cette fresque est l’œuvre du dessinateur bruxellois François Schuiten et s’intitule « Le passage », une référence aux Cités obscures. Scénarisée par son ami parisien Benoît Peeters, cette série a été créée en 1982 dans la revue française (A suivre) avant d’être publiée dès 1983 en albums. Tout au long des récits qui prennent la forme de bandes dessinées, de guides de voyage, de journaux intimes voire d’archives, les lecteurs et lectrices voyagent dans un monde parallèle fantastique.

Dans l’album « Brüsel », la puissante cité éponyme est le siège du Palais des Trois Pouvoirs, qui ressemble fortement au Palais de Justice de Bruxelles. La Grande Halle de Zarbec rappelle la gare de Schaerbeek, tandis que la ville-serre Calvani fait penser aux serres de Laeken. « Brüsel » est présentée comme une cité en proie aux promoteurs immobiliers qui cherchent à construire d’immenses immeubles détruisant des quartiers populaires. Il s’agit là d’une référence directe à la « Bruxellisation » et plus précisément à quelques grands chantiers qui ont profondément marqué Bruxelles : le voûtement de la Senne, la Jonction ferroviaire « Nord-Midi », la construction du Palais de Justice ou encore la destruction de la célèbre Maison du Peuple de Victor Horta.

Fils d’un célèbre architecte et lui-même passionné par cette discipline, François Schuiten présente des dessins inspirés par l’architecture et les perspectives, comme cela peut s’observer sur cette fresque. François Schuiten et Benoit Peeters expliquent que c’est en visitant le Palais de Justice de Bruxelles qu’ils ont poussé une porte et découvert les cités obscures. Pour accéder à ce monde parallèle, il existe d’autres passages dissimulés. Cette fresque en serait un…

Pour sa réalisation, la technique utilisée est différente des premières fresques du Parcours BD. Selon Michel Van Roye, l’échevin ayant lancé le Parcours BD en 1991, François Schuiten avait en effet accepté de réaliser la septième fresque du Parcours à condition qu’elle soit réalisée en utilisant la technique du sgraffite. Celle-ci consiste à recouvrir le mur d’une première couche de ciment teint en noir, puis d’une deuxième couche de ciment blanc épaisse de 3 millimètres. En gravant rapidement les traits du dessin sur la deuxième couche de ciment frais, le tracé apparaît en creux sur le ciment noir. En vous approchant de la fresque, vous pourrez observer que les principales lignes du dessin sont creusées. Cette technique courante dans l’Art Nouveau permet de réaliser des fresques durables.

Artiste multiple, François Schuiten a créé de nombreuses œuvres et participé à divers projets scénographiques. On citera à titre d’exemple bruxellois la station de métro “Porte de Hal” que le dessinateur a conçue en 1993 en encastrant deux anciens tramways et intitulée “Le Passage inconnu”. Il a également collaboré à la scénographie de Train World à Schaerbeek. C’est sur les bancs d’une école bruxelloise qu’il rencontre Benoît Peeters à l’âge de 12 ans. Considéré comme un fin spécialiste d’Hergé, Peeters a publié trois livres sur l’auteur de Tintin et Quick et Flupke.

Dessin original de la fresque par François Schuiten et indication : « Sur cimentage traits en creux » © https://www.altaplana.be/fr/dictionary/passage-le

Scénariste : Benoît Peeters (1956-)
Dessinateur : François Schuiten (1956-)
Maison d’édition : Casterman
Année de création des Cités obscures : 1982
Création originale de François Schuiten