Deux musiciens à la fenêtre

Armand Massonet ne s’est jamais lassé de représenter la figure humaine qu’il dépeint dans l’insouciance d’un quotidien heureux, en particulier durant les Trente Glorieuses. De retour à Saint-Gilles vers 1950 après plusieurs années passées à Paris, il s’est forgé un style de peinture reflétant le goût du raffinement et de l'élégance parisienne d’alors. Ses personnages en situation, présentent des physionomies fringantes, gracieuses et distinguées que le peintre se plaît à représenter au sein d’une réalité sublimée, par des cadrages dynamiques, une lumière franche, plus artificielle que naturelle, et une riche palette de coloris fondus, irisés ou contrastés qui évoquent à merveille l’univers des annonces publicitaires des magazines et des affiches de la culture populaire des années 1950 et 1960.

Le musicien de jazz-band a été l’un des thèmes de prédilection de l’artiste. Dans ce tableau, deux musiciens discutent. Ils sont vus en contre-jour devant une fenêtre à travers laquelle on distingue plusieurs personnages dont un couple d’amoureux évoluant dans une zone blanche incertaine. Si cette œuvre témoigne de l’aptitude de Massonet à saisir une attitude, un geste pris sur le vif, à croquer une expression, elle est aussi une démonstration de son talent à représenter un assemblage complexe d’objets aux formes et aux matières variées et à transcrire finement leurs textures, ici la froideur métallique des trompettes, la translucidité de la bouteille d’eau, la souplesse du papier et la légèreté du rideau.