Ombre fuyante

Élève du sculpteur Pieter-Jan Braecke et à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, War Van Asten, originaire d’Arendonk, tenta sans succès le concours pour le Prix Godecharle en 1910. Travaillant le bois, le marbre, la pierre et le bronze, il réalisa des portraits, des médailles, des monuments funéraires et publics, entre autres des monuments commémoratifs et aux morts de la Grande Guerre, à Audenaarde en 1921, à Koolscamp en 1926, à Zaventem. À Furnes, il est l’auteur d’un monument dédié au roi Albert Ier et un second, en 1939, à la reine Astrid. En 1935, il réalise un grand relief décoratif pour le Pavillon de l'industrie Belge de l'Automobile et du Cycle, situé face aux Grands Palais à l'angle de l'avenue du Centenaire et de l'avenue Charlotte (disparu). En 1940, War Van Asten se met à peindre, en particulier des paysages et des natures mortes, et à partir de 1948, il s’adonne à l’aquarelle en s’intéressant principalement aux coins rustiques de la ville de Bruxelles.

Gravement blessé au cours de la Première Guerre mondiale, l’artiste en garda des séquelles toute sa vie. Ombre fuyante, réalisée peu de temps après le conflit, exprime l’effroi et la désolation. Une femme blottissant un enfant dans ses bras, la tête penchée sur lui et le dos voûté comme pour le protéger, cherche à s’éloigner d’un danger oppressant. Les plis mouvants de l’ample drapé comme animé par le souffle du vent, ainsi que le voile sur la tête qui donne au personnage l’allure d’un spectre, participent à l’expression éminemment dramatique de l’image. Le rapprochement de cette œuvre avec les créations fortes et d’une intensité désespérée de George Minne, de 18 ans plus âgé que War Van Asten, est évident. Plusieurs versions d’Ombre fuyante sont connues. La commune d’Auderghem en conserve un plâtre (Ht. 36,5 cm, inv. 214), et une terre cuite (Ht. 42 cm) est passée à la salle des ventes Horta à Bruxelles en septembre 2004, sous le titre de Spectres fuyants.

Auteur : Association du Patrimoine artistique, A. Jacobs, 2022