Jeunesse et vieillesse

Cette œuvre très aboutie d’Émile Vermeersch n’est pas datée, mais on peut sans doute la placer dans la période de maturité du peintre. Cette composition allégorique, Jeunesse et vieillesse, présente, assise à gauche, une vieille dame de profil, habillée d’un imposant manteau de deuil. Mélancolique, cette veuve semble regarder au-delà de la jeune femme nue qui se dresse, superbe, devant elle, un miroir à la main. L’étoffe blanche chiffonnée dans les doigts de la vieille semble faire écho aux habits de la jeune, jetés négligemment sur une chaise. Cette composition clame son memento mori dans la mise en scène étrange d’un intérieur bourgeois. La jeune femme s’appuie sur une imposante commode ornée d’un grand bouquet ; un cadre est accroché au mur. La morale mélancolique et désenchantée de la scène est toute symboliste et la référence au mouvement ne peut échapper : elle se manifeste dans la sculpture de la tête d’Hypnos, le Sommeil, frère jumeau de Thanatos, la Mort. Ce bronze grec fragmentaire, caractérisé par une aile unique (IVe siècle av. J.-C.) et conservé au British Museum, fut un symbole-signature de Fernand Khnopff (1858 – 1921). Ce dernier la représenta à plusieurs reprises à partir de 1894. Vermeersch ne pouvait l’ignorer et sa citation à Khnopff est sans ambiguïté.