Vue de Schaerbeek

Cette image gravée fait partie d’une série de vues des alentours de Bruxelles réalisée par Hans Collaert vers 1575-1580, probablement d’après des dessins de Hans Bol (1534-1593) et de Jacob Grimmer (ca 1526-ca 1590). Les lieux représentés sont aujourd’hui situés sur le territoire de la Région de Bruxelles-Capitale, ou dans les environs immédiats. On ne connaît ni les intentions ni les conditions de création de la série, qui connut un grand succès à travers tous les anciens Pays-Bas. Initialement éditées à Anvers, elles furent rééditées à Amsterdam dès le début du XVIIe siècle.

La présente vue montre la vallée dite Josaphat, située au-delà du village de Schaerbeek en venant de Bruxelles, comme l’indique la légende achter Schaerbeecke dans le haut de l’estampe. On peut encore, de nos jours, observer sur le terrain – notamment dans le relief de la chaussée de Helmet – la dépression formée par le Maelbeek et son affluent le Roodebeek, qui faisaient ensuite cours commun pour se jeter dans la Senne.

La partie droite de l’image est occupée par un moulin à eau alimenté par un ruisseau. Une vanne permet d’actionner le moulin en canalisant l’eau dans un chenal en bois au bout duquel elle se déverse dans une roue à aubes. Le moulin devait être ancien car on peut voir qu’il a été partiellement reconstruit. On aperçoit également une série d’ouvertures sous le débord du toit, indiquant la présence d’un pigeonnier. On notera que le lieu semble avoir beaucoup inspiré les artistes de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle (voir Le peintre et l’arpenteur…, 2000, p. 211, n° 84 et p. 53, ill. 15). Le même moulin à eau avec le corps de ferme a en effet été représenté par l’artiste malinois Pieter Stevens (ca 1567-après 1624) et dans un dessin conservé à Berlin (Staatliche Museen, Kupferstichkabinett, inv. KdZ 12093). Dans une esquisse anonyme conservée à Londres (Victoria and Albert Museum, inv. 51219), seul le moulin semble avoir été représenté.

Dans la partie gauche de l’estampe, des maisonnettes rurales aux toits de chaume parsèment le paysage. Le chemin qui débouche au premier plan est parcouru par plusieurs groupes de paysans quittant la bourgade ou s’y rendant.