L'Escaut (crépuscule)

Léopold Speekaert, comme beaucoup d’artistes de son époque, a classé son œuvre en différents cycles. Le premier est consacré au Cycle de l’humanité et aux plaies sociales, le deuxième, aux œuvres allégoriques, et le troisième, qui comporte le plus grand nombre d’œuvres, aux Souvenirs du vieux Bruxelles.

L’Escaut (crépuscule) appartient au second cycle. Dans cette œuvre, Léopold Speekaert adopte, pour personnifier l’Escaut, la figure consacrée du vieillard barbu. Le vieil homme, nu, est assis su un radeau. D’un bras tendu, il tient le gouvernail, l’autre bras étant accoudé sur la tête d’un bovidé, tandis que son menton repose sur sa main. Le radeau symbolise le commerce maritime auquel la ville d’Anvers doit sa richesse. Les poissons et la tête du bœuf font référence à l’opulence de la ville. À l’arrière-plan, se profile la ville d’Anvers, dominée par la flèche de sa cathédrale.

L’Escaut (crépuscule) fut exposé à trois reprises du vivant de l’artiste : en 1887 et en 1904, au Cercle artistique et littéraire de Bruxelles, puis en 1898, à l’exposition rétrospective organisée par Speekaert dans son hôtel particulier. À l’occasion de cette dernière exposition, le critique d’art Ernest Verlant écrivait à son propos : « […] tout réaliste qu’il est, il s’est donné à l’allégorie, […] on le voit personnifier l’Escaut et la Meuse, caractérisées par de grandes figures dans des paysages. C’est donc un réaliste d’une nature un peu particulière, un réaliste modifié par une tendance marquée à élever le réel jusqu’à l’abstraction du type […] ». (Exposition - Léopold Speekaert, Journal de Bruxelles, 22 avril, 1898, sp.).

Auteur : Association du Patrimoine artistique, C. Ekonomides, 2021