La salubrité publique

Cette sculpture est le modèle en plâtre imitation bronze, à mi-échelle de la dimension définitive, de la statue en pierre blanche d’Euville symbolisant La Salubrité publique qui orne la toiture du pavillon principal de l’hôtel de ville de Saint-Gilles.

Sculpteur originaire de Flandre, établi à Bruxelles dès 1881, Pieter-Jan Braecke travaille au sein de l’atelier de Paul de Vigne, de 1885 à 1889. En 1890, il s’établit à son compte à Saint-Josse-ten-Node ; en 1901, il déménage rue de l’Abdication, à Bruxelles, dans une maison conçue par son ami Victor Horta, avec lequel il a collaboré dès 1897 à Louvain à l’occasion du Monument à Édouard Remy. Cette collaboration se poursuivra dans le cadre de la décoration des hôtels Solvay et Aubecq, conçus par Horta, ainsi que pour la maison personnelle de l'architecte, rue Américaine à Saint-Gilles, pour laquelle Horta confie encore à Braecke les bas-reliefs allégoriques ornant les murs de la salle à manger. Après la Première Guerre mondiale, Pieter Braecke réalise essentiellement des monuments commémoratifs. Celui d’Ostende (1922), et celui commémorant la bataille de l’Yser, Treze Blèter, à Nieuport (1930) ont été conçus en collaboration avec Horta. Cofondateur du cercle artistique Pour l’Art (1893), Braecke est membre de la Classe des Beaux-Arts de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts à partir de 1925.

Pour représenter La Salubrité publique, Braecke a imaginé une jeune femme à la longue chevelure, lâchement drapée d’un manteau léger et flottant dont elle écarte les pans pour dévoiler les attraits de son corps sain et généreux. Elle tient dans la main gauche un bouquet de fleurs odorantes. La chevelure comme le drapé sont entraînés sous l’effet combiné d’un vent imaginaire et de la gestuelle de la figure. L’artiste fait ici la démonstration de son talent à traduire le mouvement corporel avec justesse, à jouer des contrastes entre les différentes matières, la finesse du drapé mouvant, la douceur de la peau, la masse enflammée de la chevelure. Il a enfin tenu compte de la position élevée de la version en pierre, en adaptant en conséquence les proportions de sa statue, plus massives dans sa partie supérieure. L’expression souriante du visage est également renforcée pour être vue de loin.

Auteur : Association du Patrimoine artistique, A. Jacobs, 2021