Datation

Entre 1895 et 1961

Type d'objet

Style

Art Déco

Dimensions

hauteur 207 cm — largeur 65 cm — profondeur 60 cm

Numéro d'inventaire

54S

Identifiant Urban

66346
voir plus

Description

Cette sculpture en plâtre doré représente, habillée à la mode antique, une jeune femme debout dans un acte votif, un acte d’offrande. Coudes repliés, avant-bras tendus, doigts pointant vers le haut, elle tient de la main gauche, cinq fleurs stylisées. Ce geste, la position des mains, la posture frontale et statique, le drapé tombant en longs plis verticaux jusqu’aux pieds joints, ainsi que le socle circulaire étroit, sont autant de caractéristiques empruntées aux statues de korai grecques antiques, dont on a retrouvé de nombreux exemplaires sur l’Acropole d’Athènes. Les plis en zigzag ornant l’avant de la robe de trois motifs triangulaires sont une référence directe à la représentation des drapés tombants dans l’art attique (région d’Athènes) d’époque archaïque (6e siècles av. notre ère).

L’artiste liégeois, Arthur Dupagne, passe ici tous ces éléments au prisme de l’Art Déco – lignes sobres, volumes inscrits dans des formes géométriques, la stylisation des motifs (visage, cheveux, fleurs) – tout en gardant un modelé extrêmement doux et réaliste pour la chaire des bras, le rendu des pieds, de la bouche et du menton.

Il est intéressant de remettre cette sculpture dans la perspective plus générale de l’œuvre de l’artiste. Arthur Dupagne, ingénieur à l’exploitation des champs diamantifères de l’ancien Congo belge de 1927 à 1935, est essentiellement connu pour ses nombreuses sculptures d’Africains à l’esthétique et à l’iconographie coloniales (idée de force de la nature, de nudité puissante et primordiale, pratique d’activités traditionnelles évitant tout aspect "moderne"). Cet œuvre est aujourd’hui remis en question dans le processus actuel de décolonisation des approches historiques. En se limitant à ces quelques observations, il est permis de constater que L’Offrande de Saint-Gilles offre un fort contraste avec cette production "africaniste" de l’artiste : sobriété, fixité verticale et calme, corps féminin habillé et peu musclé, inexpressivité hiératique du visage. Par ces caractéristiques plastiques, la sculpture procède pourtant également d’une construction historique idéalisée. En effet, elle traite le corps féminin occidental en le reliant au passé grec, considéré par l’Occident des XIXe et XXe siècles comme ancestral, comme modèle antique des démocraties modernes.

Auteur : Association du Patrimoine artistique, D. Tonglet, 2021

Sources

JADOT, J.-M., Le sculpteur Dupagne, Bruxelles, éditions L. Cuypers, s.d., fig. p. 25.

ENGELEN, C. & MARX, M., La sculpture en Belgique à partir de 1830, III, Louvain, Van der Poorten, 2006, fig. p. 1380.

Sur Arthur Dupagne, voir également :

MAISTRIAUX, M., in L’Orientalisme & l’Africanisme dans l’art belge. 19e & 20e siècles, catalogue de l’exposition, Bruxelles, CGER, 1984, p. 152-154.

KERREMANS, R., in Art déco Belgique 1920-1940, catalogue d’exposition, Ixelles, Musée d’Ixelles, 1988, p. 126-129.

Sur le processus de décolonisation impliquant des statues de Dupagne à l’Africa Museum :

RENOTTE, J., « La rotonde de l'AfricaMuseum, un patrimoine colonial mis en question », RTBF, mise en ligne le 11/12/2020 : https://www.rtbf.be/culture/arts/patrimoine/detail_la-rotonde-de-l-africamuseum-un-patrimoine-colonial-mis-en-question?id=10648408

Voir la fiche originale de cet objet : balat.kikirpa.be

Crédits

Discussion