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Numéro d'inventaire
Identifiant Urban
Description
Cette petite sculpture de Constantin Meunier, Le Débardeur, est une des très
nombreuses reproductions de l’œuvre qu’il présenta – en cire – pour la première
fois en 1885 au Salon des XX et
ensuite, en 1889, à Paris – en bronze – au Salon
de la Société nationale des Beaux-arts.
L’émergence en Belgique de la question ouvrière et les
luttes pour les droits des travailleurs, coïncident, dans les années 1880, avec
un tournant dans l’art figuratif qui voit plusieurs artistes se consacrer à
illustrer les conditions dramatiques engendrées par l’essor industriel. L’œuvre
de Meunier se situe dans cette mouvance réaliste et sociale, et montre un
travailleur du port dans un moment de repos. Son effort est révélé par le
regard fatigué mais digne de l’homme et par son habit de travail, le protégeant
de la poussière du charbon ou des frottements des sacs qu’il chargeait ou
déchargeait des navires. La pose est digne d’un héros classique : Meunier
veut glorifier à la fois le travail et les hommes qui l’accomplissent, sans
céder à la commisération hypocrite, au moralisme. La fortune critique de
l’œuvre, appréciée pour son originalité et pour son détachement du
misérabilisme de la sculpture sociale de l’époque, est énorme : l’État
français achète le bronze en 1890, et après 1893, de nombreuses reproductions
sont éditées en tailles diverses, en bronze ou en plâtre, comme l’exemplaire
ici représenté.
Œuvre emblématique dans la production de Constantin Meunier, Le Débardeur anticipe les thèmes de son Monument au Travail qui ne sera réalisé à Bruxelles qu’en 1930, soit 25 ans après sa mort : de son vivant, le projet est considéré trop « socialiste » pour conquérir facilement l’espace public. Le Débardeur est devenu, en 1950, un symbole de la ville portuaire d’Anvers, où il a trouvé demeure, à côté de l’hôtel de ville, en tant que monument à la résistance des travailleurs du port pendant la Seconde Guerre mondiale. D’autres copies monumentales de la statue se trouvent à Dresde, Stockholm, Copenhague, Lima et Frankfurt.
Auteur : Association du Patrimoine artistique, D. Prina, 2023
Sources
Sur l’œuvre :
LEVINE, S. « Constantin Meunier and the Antwerp Port Workers », The Stanford University Museum of Art Journal, vol. XXVI-XXVII, 1996-1997, p. 21-31.
Sur l’artiste :
LEMONNIER, C., Constantin Meunier, Sculpteur et peintre, H. Floury, Paris,1904.
RENARD, M., La glorification du travail. Constantin Meunier, Impr. Veuves Renard & Vilain, Hornu, 1904.
BAZALGETTE, L. Constantin Meunier et son œuvre, Éditions de la Plume, Paris,1905.
DEVIGNE, M., « Constantin Meunier », in Les Grands Belges, Brepols, Turnhout, 1919.
PIERARD, L., Constantin Meunier, éditions Dietrich & Cie, Bruxelles, 1937.
BAUDSON, P., Les trois Vies de Constantin Meunier, Banque Nationale de Belgique, Bruxelles, 1979.
BAUDSON, Pierre, « La collection du Musée Constantin Meunier. Approche de trois modes d’expression d'un artiste », dans Bulletin des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, vol. 1985/1988, n. 1/3, p. 295-314.
ENGELEN, V.C., MARX, M., La sculpture en Belgique à partir de 1830, Van der Poorten, Leuven, 2006, Tome V, p. 2548-2549.
VANDEPITTE, F. (dir.), Cat. expo. Constantin Meunier à Séville. L’ouverture andalouse, MRBAB - Snoek, Bruxelles, 2008.
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