Cinquième plus grande église du monde et chef d’œuvre incontesté de l’Art Déco, la Basilique Nationale de Koekelberg compte parmi les édifices emblématiques de la capitale. Alors que le roi Léopold II avait initialement songé à la construction d’un Panthéon national à cet emplacement, une visite à Montmartre lui insuffle l’idée d’une basilique dédiée au Sacré-Cœur.
“Il y a le mont de la justice, il faut là-bas à Koekelberg le mont du Bon Dieu et ici le mont des Arts.”*
Le projet de construction d’une Basilique Nationale dédiée au Sacré-Cœur du Christ est lancé par le roi en 1902, dans le cadre de l’urbanisation du plateau de Koekelberg et de la création du Quartier royal. L’architecte Pierre Langerock (1859-1923) conçoit alors les plans d’un édifice de style néogothique, inspiré de la « cathédrale idéale » imaginée par Eugène Viollet-le-Duc. Le chantier débute en 1905 ; la première pierre est posée le 12 octobre. Alors que les travaux des fondations sont en cours, la Première Guerre mondiale éclate. Après la guerre, le projet de Langerock est considéré comme trop onéreux et dépassé. Un nouveau projet est alors présenté par l’architecte Albert Van Huffel (1877-1935). Celui-ci est approuvé en 1921 par le Comité central supervisant le chantier, et en 1925 par la Commission royale des Monuments, après avoir exigé la réalisation d’une maquette en plus des plans. Cette maquette, à l'échelle 1/40e et particulièrement détaillée aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, est toujours conservée à la Basilique. Elle permet à son concepteur d’obtenir le Grand Prix de l’Architecture lors de l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes à Paris en 1925, exposition qui donnera son nom au mouvement « Art Déco ». Le chœur de la basilique est inauguré et ouvert au culte en 1935. Cette même année, au décès de Van Huffel, son bras droit Paul Rome reprend la direction du chantier. Il sera une nouvelle fois interrompu par la guerre. La nef est achevée en 1951 et l’église est consacrée lors de somptueuses cérémonies. Elle reçoit son titre de Basilica minor du Pape Pie XII en 1952. L’ensemble du bâtiment est terminé en 1970.
Une œuvre d’art totale
Les architectes Albert Van Huffel et Paul Rome ne se sont pas limités à la conception du bâtiment : ils ont également imaginé la quasi-totalité du mobilier et de l’aménagement intérieur, dans un souci constant d’unité et de cohérence esthétique. L’ossature de l’édifice, en béton armé, est recouverte d’un coffrage perdu en terracotta émaillée, à l’intérieur duquel a été coulé du béton. L’aménagement est sobre et fonctionnel ; les espaces peuvent être adaptés selon les besoins. Le chœur dit majeur – sous la coupole – accueille un autel surmonté d’un ciborium, alors que le chœur paroissial est occupé par un autel dédié au Sacré-Cœur. Les sculptures, à l’intérieur et à l’extérieur de l’édifice, sont réalisées par George Minne (Calvaire extérieur et Sacré-Cœur) et Harry Elstrøm (Calvaire et anges du ciborium, évangélistes du portail).
Les vitraux
Le programme iconographique des vitraux de la basilique, qui aurait été conçu par le chanoine Crooy, est centré sur l’amour du Christ pour les hommes, fondement même du culte du Sacré-Cœur. Différents aspects y sont ainsi figurés : les verrières des bas-côtés de l’abside évoquent l’Eucharistie ; les manifestations de l’Amour divin sont représentées derrière l’autel du Sacré-Cœur ; la bonté du Christ d’après les Évangiles est illustrée sur les verrières dans les bas-côtés de la nef et les Béatitudes dans celles des galeries. Les baies du triforium sont occupées par des figures de saints et celles des chapelles de la Vierge, de saint Joseph et des fonts baptismaux par des représentations en lien avec la fonction de ces espaces. Les vitraux ont été installés à partir de 1937, selon la progression de la construction du bâtiment et les propositions de dons. Ils sont conçus et réalisés par une dizaine d’artistes, dont de grands noms de la scène artistique de l’entre-deux-guerres comme Anto Carte. Citons également Louis-Charles Crespin, Jan Huet, Michel Martens, Jean Slagmuylder, Maria Verovert, Liesbeth de Groot ou encore Margot Weemaes.
En 2016, l’artiste sud-coréen Kim En Joong (°1940) conçoit des verrières pour certaines des baies de la galerie. Elles sont placées pour le 60e anniversaire d’ordination sacerdotale du cardinal Godfried Danneels, avec lequel Kim En Joong s’était lié d’amitié. La basilique conserve également d’autres œuvres de l’artiste, esquisses, peintures et dessins. Une exposition lui était consacrée en 2016, dans l’espace dédié au cardinal Danneels.
Un Trésor somptueux
Enfin, le Trésor de la Basilique conserve plusieurs chefs d’œuvres de l’orfèvrerie liturgique Art Déco. Certaines pièces, dont le majestueux ostensoir-soleil, sont réalisées par l’orfèvre bruxellois Henri-Joseph Holemans ; d’autres sont réalisées par l’atelier des Frères Devroye ou par Camille Colruyt. Elles constituent un ensemble d’une grande préciosité, aux formes pures et sobres. La brillance des métaux dorés et argentés s’associe subtilement avec l’ivoire, la malachite ou encore le lapis lazuli. Ces réalisations, datant exclusivement du XXe siècle, en font une collection unique en Belgique.
* E. Carton de Wiart, Léopold II, Souvenirs des derniers années (1901-1914), Bruxelles, 1914, p. 147.
La Basilique accueille également un Musée d’art religieux moderne depuis 2007, géré par une ASBL distincte qui assure la valorisation de la collection de Jan Gekhiere, ainsi que le Musée des Sœurs Noires, où est conservée la collection d’objets et œuvres d’art qui appartenaient à la communauté du couvent Saint-Augustin, confiée à l’ASBL des Amis de la Basilique en 1998.
L’inventaire du patrimoine mobilier de la Basilique est entamé en 2025 et est toujours en cours actuellement.
Sources bibliographiques :
J. VANDENBREEDEN et R.M. DE PUYDT, Basiliek/basilique Koekelberg art-decomonument/monument art déco, Bruxelles/Tielt, Racines/Lannoo, 2005.
J. OGONOVSZKY, « L’Art Déco au service du culte: la Basilique nationale du Sacré-Cœur de Koekelberg, gardienne du trésor de l’orfèvrerie nationale religieuse Art Déco », dans : Les Nouvelles du Patrimoine, n°99, janvier-février-mars 2003, pp. 23-25.
J. OGONOVSZKY, « Les œuvres d’art de l’orfèvre religieux Henri Joseph Holemans réalisées pour la Basilique nationale du Sacré-Cœur de Koekelberg », dans : Annales d’Histoire de l’Art et d’Archéologie, X, 1988, pp. 51-66.
P. RION, La Basilique de Koekelberg. Architecture et mentalités religieuses, Louvain-La-Neuve, 1986, pp. 140-141.
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