Après la messe

Bien qu’intitulé Après la messe, ce tableau ne nous évoque pas d’emblée le monde religieux. N’étaient le missel et le porte-monnaie pour les offrandes, on pourrait voir, dans les objets sur la table, un retour de promenade. Et que dire de cette enfant si pleine d’assurance, aux yeux résolument plantés dans ceux du peintre ? Peintre dont on peut voir la tremblante silhouette bleue, dans le reflet de la bouilloire.

En plaçant sa fille adoptive sur le tiers supérieur du tableau, au centre, en faisant converger vers elle la plupart des objets sur la table et le chat, Louis Thévenet donne à une position stratégique. N’est-elle pas la clé de voûte du bonheur familial dépeint?

Pour structurer sa composition, l’artiste joue sur les lignes. Pied noir de la table, chambranle de la porte, montants de la chaise pour les verticales; marches de l’escalier, tiroirs de la commode et nappe blanche pour les horizontales.

Sur la table aux dimensions généreuses, la théière, les pommes, la tasse de porcelaine et les chandeliers évoquent les natures-mortes des anciens peintres flamands. Ces éléments de couleurs vives tranchent avec les tons légers de la nappe et du sol.

Formé par Auguste Oleffe, chef de file des Fauves brabançons, Louis Thévenet montre dans ce tableau ses influences. Il a retenu la modernité des Fauves par l’emploi de couleurs vives et par le cadrage du tableau avec des éléments coupés. Il s’inspire également de l’impressionnisme d’Ensor avec ses empâtements de blanc dans la robe de l’enfant et dans le rendu de la théière.