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Identifiant Urban
Description
Cette statuette en bronze a été conçue par le sculpteur
belge Jef Lambeaux, l’auteur de l’iconique Fontaine
de Brabo sur la Grand-Place d’Anvers et du sulfureux relief des Passions humaines au Parc du
Cinquantenaire à Bruxelles. Lambeaux décline ici un de ses sujets de
prédilection : des lutteurs musclés en action, en pleine prise – le
lutteur en pied ceinture et renverse son adversaire, la tête la première.
Au cours des années 1880-1890, Lambeaux produit des couples de lutteurs dans
différentes configurations et une multitude de formats. C’est avec une statuette
similaire qu’il se présente au premier Salon des XX en 1884, et ses Lutteurs à échelle monumentale ornent
aujourd’hui encore de nombreux lieux publics, d’Anvers à Laeken.
Si la lutte existait déjà dans l’Antiquité, sa pratique connaît un regain d’intérêt
à la fin du XIXe siècle en tant que divertissement forain, fascinant le public –
et les artistes. Régulièrement au premier rang pour voir de près les
combattants, Lambeaux aurait commenté « saisir là dans l’imprévu de
l’action, d’admirables jeux de musculature. Dans les torses nus et cambrés, dans
le raidissement des membres, je distingue des plans et des lignes d’une
véritable beauté » (E.-L. De Taeye).
S’aidant de croquis et de modèles en chair et en os, le sculpteur figure les corps
des deux lutteurs avec une grande justesse anatomique, mise en valeur par leur
nudité. Ce choix iconographique leur confère une qualité intemporelle, voire
héroïque, encore exacerbée par le cadre spatial limité au seul rocher.
Pour sa composition dynamique basée sur le croisement de deux diagonales,
Lambeaux puise dans l’histoire de l’art. Comme bon nombre de ses contemporains,
il s’inspire du maniérisme italien et du baroque flamand (les figures torsadées
en déséquilibre de Jean de Bologne, les corps convulsés chez Rubens et
Jordaens), tout en investissant l’esthétique de l’instantané photographique,
pleinement de son temps. Cette formule contribue à faire de Lambeaux « le
meilleur sculpteur belge du mouvement » (Thijs Dekeukeleire), même s’il
connaissait aussi des détracteurs, à l’instar de son contemporain l’artiste
Jean Delville, qui a dénoncé son « herculéenne vantardise du muscle »,
le qualifiant de « Michel-Ange du ruisseau ».
Sources
CERMAN, J., FOUDRAL, B., LAUGEE, T., (dir.) Colosses. Lutteurs, culturistes et costauds
dans les arts, exposition : Musée Courbet, Ornans, 1er juin – 13
octobre 2024, Snoeck, Gand, 2024, p. 127.
CLERBOIS, S. (dir.), Jef
Lambeaux, l’amant de la matière, exposition : Saint-Gilles, Hôtel de ville,
salle de l’Europe, novembre – décembre 2008, Les rencontres Saint-Gilloises
a.s.b.l., Saint-Gilles, 2008.
DEKEUKELEIRE, T., Men
shaping man. The formative power of the male nude in
fin-de-siècle Belgium,
PhD, Universiteit Gent, Gent, 2020.
DEKEUKELEIRE,
T., « Movement, Muscle, Matter. Jef Lambeaux’s Wrestling Groups of the
1880s and 1890s », in MOSER, T., SCHESCHONK, W. (dir.), Energetic Bodies. Sciences and Aesthetics of Strength and Strain,
De Gruyter, Boston/Berlin, 2022, URL : https://www.degruyterbrill.com/document/doi/10.1515/9783110767162-008/html
DE TAEYE, E.-L., Les
artistes belges contemporains, Castaigne, Bruxelles, 1894.
FORNARI, B., « La Déesse du Bocq à Mariemont. Quelques
notes sur l’intégration du mouvement dans la statuaire de Jef Lambeaux »,
in Les cahiers de Mariemont, volume
24-25, 1993, Hommage à Mireille Jottrand, pp. 174-181, URL : https://doi.org/10.3406/camar.1993.1119
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