Emplacement
Datation
Type d'objet
Matériaux
Exposition
Inscriptions
Dimensions
hauteur 78.8 cm — largeur 64 cm — profondeur 5.2 cm (avec cadre)
Numéro d'inventaire
Identifiant Urban
Description
Cet
Intérieur constitue, pour l’experte Anne Adriaens-Pannier, « la plus
étrange version » de la chambre à coucher dépeinte plusieurs fois par
l’artiste ostendais Léon Spilliaert au cours de l’année 1908. Une autre
version, donnant à voir la même pièce sous un autre angle, se trouve également
au Musée d’Ixelles (dépôt de l’Etat), tandis qu’une troisième est conservée aux
Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Dès 1904, Spilliaert figure des
lieux et objets de son quotidien : atelier, chambre, salon de coiffure, miroir,
flacons, plantes d’intérieur… Dans ces évocations de son environnement intime,
il lui arrive d’insérer son image, réduisant parfois son autoportrait à une
apparition spectrale. Spilliaert représente aussi des intérieurs vidés de toute
présence humaine. Comme l’artiste belge symboliste Xavier Mellery peu avant
lui, Spilliaert tire parti de la banalité familière de pièces désertées, pour
venir les infuser d’une inquiétante étrangeté.
A la différence de Mellery, Spilliaert stylise fortement ses motifs. Ici,
il réduit son Intérieur à un lit blanc, deux armoires et une porte. Seul le
cadre ouvragé du lit est quelque peu détaillé. Outre l’absence de présence
humaine, suggérant un silence enveloppant, Spilliaert s’appuie sur d’autres
éléments pour doter la chambre d’une aura mystérieuse et onirique. Tout
d’abord, il choisit un angle de vue et un cadrage très particuliers,
fragmentant la porte, les armoires et le lit, figuré uniquement en partie, en
raccourci. D’autre part, l'artiste anime l’obscurité ambiante en incorporant
des reflets de sources de lumière inexpliquées, donnant du relief au linge de
lit blanc, qui en devient linceul.
Sous sa combinaison virtuose du crayon, de l’encre, du pastel, et l’aquarelle
sur papier, une chambre a priori anodine se retrouve théâtralisée, voire
déréalisée, jusqu’à faire écho à l’univers symboliste de Maurice Maeterlinck,
source d'inspiration pour Spilliaert. Parmi les écrits de ce dramaturge, on
retrouve d’ailleurs une pièce de théâtre appelée Intérieur (1894), dominée par
l’attente, la mort et le silence – et illustrée par l’artiste ostendais.
Sources
ADOLPHS,
V. (éd.), Unheimlich : Innenräume von Edvard Munch bis Max Beckmann :
Ausstellung, Deutschland, Bonn, Kunstmuseum Bonn, 20. Oktober 2016 bis 29. Januar 2017 = The uncanny home : interiors from
Edvard Munch to Max Beckmann : exhibition, Germany, Bonn, October 20, 2016 to
January 29, 2017, Hirmer, Munich, 2016, p. 79.
ADRIAENS-PANNIER, A., « Nature morte et
intérieur », in Léon Spilliaert ou
la beauté de l’intelligence de cœur, Pandora, Schoten, 1998, pp. 73-74.
ADRIAENS-PANNIER, A., JARBOUAI, L. (dir.), Léon
Spilliaert (1881-1946) : Lumière et solitude : exposition : Londres, Royal
Academy of Arts, 19 février - [fermée le 17 mars 2020 ; rouverte en juillet
2020] - 20 septembre 2020 ; Paris, Musée d'Orsay, 13 octobre 2020 - 10 janvier
2021, p. 46, pp. 68-69.
ADRIAENS-PANNIER,
A., LOCKE, A. (dir.), Léon Spilliaert
: exhibition : London, Royal Academy of Arts, 23 February - 25 May 2020 ;
Paris, Musée d'Orsay, 15 June - 13 September 2020, Royal Academy Publications, Londres,
pp. 103-105.
LAOUREUX., D., « Une nuit d’encre. Les
nocturnes de Léon Spilliaert », in ADRIAENS-PANNIER, A. (dir.), Léon Spilliaert : un esprit libre :
exposition : Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, 22 septembre
2006 - 4 février 2007, Ludion, Gand, pp. 74-75.
LEGRAND, F.-C. (dir.), Léon Spilliaert :
1881-1946 : [exposition] : Paris, Galeries Nationales du Grand-Palais, 26
septembre - 30 novembre 1981 : Bruxelles, Musées Royaux des Beaux-Arts de
Belgique, 22 janvier - 28 mars 1982 : catalogue, Association française d’action
artistique, Paris, p. 96.
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