Emplacement
Datation
Type d'objet
Matériaux
Techniques
Exposition
Inscriptions
Dimensions
hauteur 59 cm — largeur 69 cm — profondeur 3 cm (avec cadre)
Numéro d'inventaire
Identifiant Urban
Description
Dans cet Intérieur de cottage ou Intérieur à Jersey (titre
initial du tableau), l’artiste impressionniste Berthe Morisot peint sa fille Julie,
8 ans, dans la maison sur l’île anglo-normande où elles passent l’été 1886.
Dans une lettre adressée à Claude Monet, Morisot décrit ainsi son cottage d’adoption:
« J’ai une bow window sur la mer et un jardin qui n’est qu’une botte de fleurs.
Vous en feriez des merveilles ! ».
Morisot et sa fille y sont accompagnées par l’époux de Berthe et père de Julie,
Eugène Manet, figuré sur le fauteuil bleu à gauche sur le pastel préparatoire. Dans
cette composition finale à l’huile, ce siège est vide, poussé vers l’arrière – Eugène
semble avoir tout juste quitté la table du déjeuner. Morisot se concentre sur
la figure de sa fille, qui s’est aussi levée de sa chaise en osier, pour se
tenir près de la baie vitrée, plus intéressée par sa poupée que par la vue sur
le port de Gouray. Tout au long de son enfance, qu’elle soit en train d’écrire,
de lire, de jouer, etc., Julie a souvent servi de modèle à Berthe Morisot,
ainsi qu’aux peintres de son entourage, Edouard Manet (frère d’Eugène) et
Pierre-Auguste Renoir.
Exposé au Salon des XX à Bruxelles en 1887, ce tableau est représentatif de l’œuvre
de Berthe Morisot, centré autour de son environnement domestique et la vie de
famille, à un moment où ses collègues hommes du groupe impressionniste peignent
les bars et les grands boulevards. Si leurs sujets diffèrent, la modernité est
tout aussi frappante chez Morisot, qui capte de façon très personnelle « ses
instantanés du monde » en peinture. S’il s’agit ici d’une représentation intime,
émouvante de sa fille, Berthe Morisot en fait tout autant un manifeste impressionniste,
avec son cadrage photographique, ses larges touches dynamiques donnant un effet
spontané, esquissé, et son attention portée à l’atmosphère et aux effets changeants
de la lumière, inondant la pièce depuis la baie vitrée, ou filtrée à travers
les voilages. Le critique Gustave Geffroy commente : « toute la toile
est phosphorescente de la grande clarté marine dehors », et on sent
presque souffler la brise. Ce qui frappe également, est la palette à la fois
unifiée et nuancée choisie par Morisot, multipliant les blancs et les bleus
avec une liberté et une richesse qui en font une véritable « fête de
peinture ».
Sources
Berthe
Morisot. Impressionist, Hudson Hill Press, cat.exp. Washington, New York, 1987,
p. 124.
Berthe Morisot 1841-1895, Lille, palais des Beaux-Arts 10 mars - 9 juin
2002, Martigny, Fondation Pierre Gianadda, 20 juin - 19 novembre 2002, éd.
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Copenhague, 20 septembre 2012 au 27 janvier 2013, 2012, p. 62.
Berthe Morisot, femme de notre temps, Musée Marmottan Monet, 7 mars - 1er
juillet 2012, éd. Hazan, 2012, p. 172-173.
Berthe Morisot, Musée d’Orsay,
Flammarion, Paris, 2019, ill. p. 145, p. 208, cat. 77.
Les enfants de l'Impressionnisme, expo Musée des Impressionnismes -
Giverny, Flammarion, 2023, pp. 98-99.
Impressionism
and its Overlooked Women, Ordrupgaard museum, Copenhague, 9 février - 20 mai
2024, pp. 168-169, cat. 40.
BATAILLE, M.-L., WILDENSTEIN, G., Berthe Morisot :
catalogue des peintures, pastels et aquarelles, Editions d’études et des
documents, Paris, 1961, p. 18.
d'HUART, N. et FORNARI, B, Musée
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REY,
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2018, p. 134, cat. 45.
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