Emplacement
Datation
Type d'objet
Matériaux
Techniques
Exposition
Inscriptions
"Acheté à la maison Boussot et Valladon, rue Lafitte à Paris, en 1893, par M. de Ghens, propriétaire, rue de Florence, 56 à Bruxelles." (au dos du châssis)
Dimensions
hauteur 59 cm — largeur 69 cm — profondeur 3 cm (avec cadre)
Numéro d'inventaire
Identifiant Urban
Description
Dans cet
Intérieur de cottage (ou Intérieur à Jersey, titre initial du tableau),
l’artiste impressionniste Berthe Morisot peint sa fille Julie, 8 ans, dans la
maison sur l’île anglo-normande où elles passent l’été 1886. Dans une lettre
adressée à Claude Monet, Morisot décrit ainsi son cottage d’adoption : « J’ai un
bow window sur la mer et un jardin qui n’est qu’une botte de fleurs. Vous en
feriez des merveilles ! ».
Morisot et sa fille sont accompagnées d’Eugène Manet, l’époux de Berthe et père
de Julie, figuré assis dans le fauteuil bleu à gauche sur le pastel
préparatoire. Dans cette composition finale à l’huile, ce siège est vide,
poussé vers l’arrière – Eugène semble avoir tout juste quitté la table du déjeuner.
Morisot se concentre sur la figure de sa fille, qui s’est aussi levée de sa
chaise en osier, pour se tenir près de la baie vitrée, plus intéressée par sa
poupée que par la vue sur le port de Gouray. Tout au long de son enfance,
qu’elle soit en train d’écrire, de lire, de jouer, etc., Julie a souvent servi
de modèle à Berthe Morisot, ainsi qu’aux peintres de son entourage, Edouard
Manet (frère d’Eugène) et Pierre-Auguste Renoir.
Exposé au Salon des XX à Bruxelles en 1887, ce tableau est représentatif de
l’œuvre de Berthe Morisot, centré autour de son environnement domestique et de la
vie de famille, à un moment où ses collègues hommes du groupe impressionniste
peignent les bars et les grands boulevards. Si leurs sujets diffèrent, la
modernité est tout aussi frappante chez Morisot, qui capte de façon très personnelle des instantanés
de son univers en peinture. S’il s’agit
ici d’une représentation intime, émouvante de sa fille, Berthe Morisot en fait
tout autant un manifeste impressionniste, avec son cadrage photographique, ses
larges touches dynamiques donnant un effet spontané, esquissé, et son attention
portée à l’atmosphère et aux effets changeants de la lumière, inondant la pièce
depuis la baie vitrée, ou filtrée à travers les voilages. Le critique Gustave Geffroy
commente : « toute la toile est phosphorescente de la grande clarté
marine dehors » ; on sent presque souffler la brise. Ce qui frappe
également, est la palette à la fois unifiée et nuancée choisie par Morisot,
multipliant les blancs et les bleus avec une liberté et une richesse qui font de
cet Intérieur une véritable « fête de peinture ».
Sources
Berthe
Morisot. Impressionist, Hudson Hill Press, cat.exp. Washington, New York, 1987,
p. 124.
Berthe Morisot 1841-1895, Lille, palais des Beaux-Arts 10 mars - 9 juin
2002, Martigny, Fondation Pierre Gianadda, 20 juin - 19 novembre 2002, éd.
Réunion des musées nationaux, Paris, 2002, pp. 334-336.
Berthe Morisot, Den store kvindelige impressionist, Musée Ordrupgaard,
Copenhague, 20 septembre 2012 au 27 janvier 2013, 2012, p. 62.
Berthe Morisot, femme de notre temps, Musée Marmottan Monet, 7 mars - 1er
juillet 2012, éd. Hazan, 2012, p. 172-173.
Berthe Morisot, Musée d’Orsay,
Flammarion, Paris, 2019, ill. p. 145, p. 208, cat. 77.
Les enfants de l'Impressionnisme, expo Musée des Impressionnismes -
Giverny, Flammarion, 2023, pp. 98-99.
Impressionism
and its Overlooked Women, Ordrupgaard museum, Copenhague, 9 février - 20 mai
2024, pp. 168-169, cat. 40.
BATAILLE, M.-L., WILDENSTEIN, G., Berthe Morisot :
catalogue des peintures, pastels et aquarelles, Editions d’études et des
documents, Paris, 1961, p. 18.
d'HUART, N. et FORNARI, B, Musée
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HIGONNET, A., Berthe Morisot, Harper & Row, New York/Londres/Toronto, 1990.
REY,
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PATRY, S. (dir.), Berthe Morisot. Femme
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2018, p. 134, cat. 45.
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