La forge

Né à Gand le 21 janvier 1884, Maurice Langaskens débute ses études à l’Académie de Paris où ses parents (son père est menuisier) se sont établis alors qu’il était encore tout jeune. De retour en Belgique, il s’installe à Schaerbeek et s’inscrit à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles où il suit les cours de Constant Montald (1862-1944) et d’Herman Richir (1866-1942). Il expose ses toiles avec d’autres artistes dans des salons et il réalise également des décorations murales de bâtiments. 

Fait prisonnier au cours de la Première Guerre mondiale,  cet épisode le marquera profondément (cf. Souvenirs de captivité, Collection artistique de Schaerbeek, inv. 435). D’abord influencé par le symbolisme que l’on retrouve, entre autre, dans son œuvre Le charmeur de serpents (Collection artistique de Schaerbeek, inv. 1144), le style de Langaskens acquiert très vite une intensité expressive qu’il traduit dans des compositions très colorées. Il aime les arts et la nature, mais ses thèmes de prédilection sont le travail (cf. Le laboureur, Collection artistique de Schaerbeek, inv. 1635) ou encore la religion. Sa technique picturale consiste tantôt à travailler des huiles lisses, tantôt une matière assez épaisse au couteau, comme c’est le cas dans cette toile-ci où quatre forgerons travaillent le métal dans une atmosphère quasiment infernale. Cette œuvre a été réalisée et proposée par l’artiste suite à la reconstruction de l’hôtel communal de Schaerbeek après l’incendie criminel de 1911, pour s’insérer dans le lambris au-dessus de la cheminée d’un des cabinets d’échevins. À l’époque, il s’agissait de celui de l’échevinat des Régies (distribution de l’eau, du gaz et de l’électricité). Dans une lettre adressée au Collège, l’architecte Maurice Van Ysendyck, chargé de la reconstruction de l’hôtel communal, s’exprime ainsi : 

« L’œuvre étant ainsi présentée, j’estime qu’elle tient parfaitement, au point de vue de la couleur et de la disposition des divers éléments qui la composent, dans le milieu où elle se trouve et qu’elle peut être acceptée à titre définitif. L’artiste en demande le prix de 5.000 francs que j’estime en rapport avec l’œuvre fournie et que je vous propose d’accepter. »

Auteur : A. Wachtelaer, Archives communales de Schaerbeek