Datation

Entre 1911 et 1928

Type d'objet

Lieu de création

Schaerbeek

Inscriptions

"Eug. Canneel" (en bas à gauche)

Dimensions

hauteur 77 cm — longueur 25 cm — largeur 30 cm

Numéro d'inventaire

367

Identifiant Urban

38905
voir plus

Description

Ce buste, communément intitulé Manfred, existe également en deux autres versions, plus petites. L’une, en marbre (H. 60 cm) est conservée dans la salle de réunion du Palais provincial de Namur (http://balat.kikirpa.be/object/10138744); l’autre, en pierre (H. 58 cm), a été photographiée en 1924 dans l’atelier du sculpteur et a depuis disparu (ill. in  Engelen-Marx, I, 2006, p. 443). Enfin, à l’Exposition triennale d’Anvers de 1930, Eugène Canneel a envoyé un buste, sous le nom de Manfred. Il est précisé dans le catalogue qu’il est en « imitation pierre ».

L’œuvre présente une tête d’homme idéalisée tournée résolument vers la gauche. Le visage et le cou sont finement polis, contrastant avec la chevelure traitée plus sommairement et surtout avec le bloc de pierre à peine équarri d’où émerge la tête. Le buste représente le héros romantique du drame de Lord Byron, Manfred, publié en 1817. Rempli de remords après avoir tué par une étreinte trop forte celle qu'il aimait, Astarté, Manfred vit reclus comme un maudit au cœur des Alpes. Invoquant les esprits de l'univers, ceux-ci lui offrent tout, excepté la seule chose qu'il désire, l'oubli. La bouche fermée, les yeux vides comme perdus dans une interrogation sans réponse, les sourcils froncés, le cou tendu, tout dans l’expression générale du buste évoque le tourment intérieur, et cela avec d’autant plus d’intensité que la tête, d’une beauté mythifiée, semble émergée de la gangue de pierre brute en une sorte de paraphrase de l’issue fatale à laquelle Manfred est immanquablement voué. Dans cette œuvre maîtresse, Eugène Canneel use de l’esthétique de l’inachevé, du non finito, chère à Michel-Ange et à Rodin, afin de mettre en évidence l’intensité spirituelle de la figure dramatique de Manfred.  Pierre Nozière écrit en 1927 (p. 2) : « Renouvelant de hautes traditions, il [Eugène Canneel] ne craint pas d’interpréter les sujets les plus tragiques et les plus puissants que l’art ait envisagés au cours de son histoire, d’évoquer le pâle Hamlet ou le mélancolique Manfred, de retracer la légende de la destinée, ni de chanter un adagio à l’unisson de Beethoven, sur un mode non moins poignant. Un poète authentique ».

Auteur : Association du Patrimoine artistique, A. Jacobs, 2022

Sources

Sur l’œuvre : 

Archives communales de Schaerbeek (Patrimoine artistique, XIII.A.02.S01.D202)

Le Soir, 14.décembre 1928, p.1.

Exposition annuelle du Cercle Artistique de Schaerbeek

Sur l’artiste :

NOZIERE, P., “Trois artistes d’aujourd’hui :  Camille Lambert, Michel Bernier, Eugène Canneel”, Les Nouvelles, mardi 25 octobre 1927, p. 2.

GRABACH, T., « Canneel, Willem Eugène» in Allgemeines Künstler-Lexikon, 16, München-Leipzig, K.G. Saur, 1997, p. 156.

ENGELEN-MARX, La sculpture en Belgique à partir de 1830, I, Leuven, C. Engelen & M. Marx, 2006, p. 440-443.

Crédits

Discussion