La Vicomtesse Charles Terlinden

Un jeu de miroirs se cache dans ce somptueux tableau d’Herman Richir, un portrait d’Élisabeth Verhaegen-Terlinden (1889-1982), fille du baron Arthur Verhaegen (1847-1917), ingénieur, architecte, homme politique, écrivain belge, et épouse du vicomte Charles Terlinden (1878-1972), célèbre historien belge. Elle y est représentée après quinze années de mariage, à une époque où elle avait déjà eu quatre de ses cinq enfants. Adossée à une console Louis XV, entourée d’objets orientaux à la mode, la vicomtesse est élégamment vêtue d’une robe de couleur rubis, la main gauche posée sur un châle rouge jeté sur la console. Elle porte les cheveux marcellés, son visage démaquillé commence à montrer les signes du temps ; son regard est profond, serein. Richir montre ici toutes ses qualités de portraitiste apprécié par la haute société bruxelloise ainsi que par la famille royale belge : le tableau parle de l’esprit du temps et de la psychologie du personnage représenté. Le miroir placé derrière la vicomtesse reflète partiellement son dos, ainsi que l'image d’un tableau, accroché au mur de la pièce et réalisé également par Richir en 1920, Les apprêts de la soirée. Richir peignait souvent ses sujets en partant d’une photographie ou de mémoire, ou bien dans son atelier, et c’est probablement le cas de ce portrait, car nous retrouvons le même châle rouge d’Élisabeth Terlinden dans d’autres œuvres de l’artiste.

Peintre de genre, de nus et de portraits, Richir fait ses études aux Académies des Beaux-Arts de Saint-Josse-ten-Noode et de Bruxelles. Nommé professeur de dessin à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles en 1900, il devient en 1904 professeur de peinture dans cette même académie. Son œuvre, d’une simplicité classique, s’inscrit dans la veine du réalisme.