Le Palais de Justice (Bruxelles)

« Bientôt, une porte apparut tout entière. Cette porte magique s’ouvrit d’elle-même et Petrus Van Assche entra pour toujours dans le fabuleux château de sa vie.» Cette citation de Paul Colinet (1936), illustre l’atmosphère aux tons de rose, onirique et vibrante, à laquelle renvoie ce tableau. Si l’on y reconnaît la silhouette du palais de justice de Bruxelles, le bâtiment apparaît inhabituellement léger et mystérieux. Les couleurs sont pastel, appliquées en une brume épaisse. Le ciel semble vibrer autour de l’édifice.

On reconnaît le style au symbolisme très personnel de Petrus Van Assche (1897-1974), peintre de compositions mystiques, de paysages et de natures mortes. Van Assche eut pour seule formation artistique les cours de dessin de l’académie d’Alost, suivis dès l’enfance, et se lança dans la carrière de peintre à trente ans. Bien qu’il n’ait jamais cherché à en faire partie, il fut très proche des Surréalistes bruxellois. Parmi eux, il s’attacha davantage aux écrivains et poètes – comme Paul Nougé, et surtout ses amis Paul Colinet et Louis Scutenaire – plutôt qu’aux peintres. En 1933, Van Assche rencontra Magritte qui le qualifia étrangement de master of the nevertheless (Leen 1996, p. 449). 

Scutenaire, qui lui acheta des œuvres jusqu’à la fin de sa vie, appréciait particulièrement le caractère inhabituel des œuvres de Van Assche et sa pratique libre de toute formation académique. Il établit des parallèles avec son propre style littéraire et son usage virtuose de l’aphorisme, qu’il retrouve dans les toiles de Van Assche. Le peintre qualifiait sa propre démarche d’"Art fantastique" ; on parla aussi à son sujet de "peinture de rêve".