La résignation

Influencé par le style moderniste, sobre et puissant de Georges Minne (Gand 1866-Laethem-Saint-Martin 1941) et d’Eugène Laermans (Molenbeek 1864 – Bruxelles 1940), Stoffyn se lance dans un art à connotation sociale, et crée, dès avant la Première Guerre mondiale, une petite statuaire dénonçant la condition misérable du peuple, situation encore aggravée durant le conflit. C’est durant ce dernier qu’il réalise la trilogie de statuettes formée de La Résignation, Le Pain (inv. 107S) et La Mendiante (inv. 109S). Il les propose à l’Administration communale de Saint-Gilles qui en fait officiellement l’acquisition le 23 mai 1918, au prix de 500 francs (voir Le Pain).

La Résignation est représentée par une femme s’avançant, amaigrie par les privations, tenant, de la main gauche, une cruche et, de la main droite, un pain serré contre sa poitrine. Stoffyn ne s’attarde pas au détail, il s’arrête aux formes générales de la silhouette, cherchant la ligne juste, afin de donner à l’image tragique toute sa force expressive, tout comme les fins coups de gouge laissés volontairement apparents, à la surface vibrante de la statuette. On peut rapprocher cette figure, tant par la thématique et que par le style, à d’autres statuettes de Stoffyn relevant de la même catégorie d’œuvres, telles Le Retour et Le Ravitaillement. Ces dernières sont connues par des versions en faïence blanche, exécutées aux Ateliers d’art de Saint-Ghilain (cf. ENGELEN, C. & MARX, M., La sculpture en Belgique à partir de 1830, VI, 2006, p. 3310). Étonnant, Engelen-Marx publie La Résignation sous le titre La Soupe ! (id.)

Auteur : Association du Patrimoine artistique, A. Jacobs, 2021