L'ouvrier (l'enfourneur)

Paul Stoffyn fut à l’initiative de la création de la statue qui « symboliserait d’une façon générale et idéalisée un des nombreux corps de métiers au service de l’Administration communale et des régies qui en dépendent », destinée à orner le socle de pierre de la balustrade de la cour basse ouest de l’hôtel de ville de Saint-Gilles.

Une première esquisse en plâtre est examinée le 4 février 1919. Jugée un peu mièvre, la Section des Beaux-Arts demande à Stoffyn de « se rapprocher davantage de la réalité des métiers représentés au sein des services communaux ». On sait que le sculpteur prit alors pour modèle un enfourneur qui travaillait à l’usine à gaz de la commune (Dejemeppe 2019, n°31). En sa séance du 15 mai suivant, le Conseil communal confie officiellement à Stoffyn l’exécution d’une version de la statue en plâtre, grandeur d’exécution, et de sa réplique en bronze, au prix de 8 000 francs, dont 10% payé par la Province de Brabant.

Dans son atelier, situé au 6 rue Rodenbach, à Forest, Stoffyn conçoit une nouvelle étude de la statue. Ayant déménagé son atelier, le 1er juin 1919, au 11 rue Timmermans, toujours à Forest, c’est là qu’il réalise le modèle en terre à échelle 1/1. Bien qu’approuvé par la Section des Beaux-Arts du Conseil communal, le résultat est critiqué par la Commission des Monuments et Sites qui estime qu'il faudrait accuser davantage les muscles du bras droit tenant l'outil, revoir la courbe de la jambe droite, faire disparaître la saillie de la poitrine. Le 15 juin 1920, la statue achevée est prête à être coulée en bronze, et le 26 janvier 1921, l’œuvre finale est posée à l’emplacement prévu.

La maquette en plâtre ayant servi à la fabrication du moule pour la version en bronze, se trouvait en pièces détachées dans l’atelier du sculpteur. À la demande du collège en sa séance du 11 févier 1921, Stoffyn la reconstitua et la patina pour la somme de 185 francs. On suggéra de la déposer à l’Académie de dessin, de sculpture et d’architecture, « dont les locaux sont assez vastes et où se trouvent déjà déposés les « Cariatides » de Rodin » (rapport au Collège du 19 mars 1921), puis dans un couloir de l’hôtel de ville. De nos jours, la statue, abîmée et dégradée, est remisée dans les combles de l’hôtel de ville.