Jean-Michel Folon (1934-2005) est né à Uccle et, bien qu’il ait quitté assez jeune la Belgique pour embrasser une carrière internationale, l'artiste est resté fortement attaché à son pays d’origine.

En célébration des 90 ans de sa naissance, la Fondation Folon, située dans le parc du domaine Solvay à la Hulpe et créée du vivant de l’artiste, a décidé de renouer avec les racines d’un des plus célèbres artistes belges en offrant aux Bruxellois et aux visiteurs de la Région une série d’événements et d’expositions. Elle s’est ainsi associée à trois musées bruxellois (le Musée Magritte dans le centre-Ville, la Maison Autrique à Schaerbeek et le Design Museum Brussels à Laeken) pour (re)découvrir les différentes facettes de cet artiste aux multiples talents.

Jean-Michel Folon, en effet, a multiplié les domaines où exercer sa soif artistique : ses célèbres aquarelles bien sûr mais aussi la gravure, l’affiche, la sculpture, l’animation (toute une génération a été marquée par les génériques créés pour des émissions de télévision), la tapisserie, la fresque, l’art du vitrail… et même le cinéma !

Les expositions à voir :

-        au Magritte Museum, Magritte-Folon, jusqu’au 21 juillet 2024

-        à la Maison Autrique, Folon insolite, jusqu’au 29 septembre 2024

-        au Design Museum Brussels, Olivetti-Folon, à partir du 10 avril jusqu’au 15 septembre 2024

Pour célébrer un tel artiste désireux de ne pas se laisser enfermer dans une discipline, la Fondation Folon ne pouvait se limiter à des expositions intra-muros. Jusqu’au 31 mai 2024, elle propose un parcours à ciel ouvert dans le centre-ville de Bruxelles :

-  aux Galeries royales Saint-Hubert, se trouvent les Pensées qui occupèrent une grande place dans la création sculpturale de Folon, au point qu'il en concevra plusieurs dizaines. Arborant toutes le même corps anonyme, les Pensées présentent des têtes chaque fois différentes, qui déclinent une collection d’objets hétéroclites. Cette association d’un objet et d’un corps mène à la création d’une nouvelle entité, irrationnelle et ludique. Plus qu’individuellement, les Pensées font sens quand elles sont réunies. Cette Allée de Pensées (1996-1999) s’inspire directement des enfilades de sphinx que l’artiste avait admirées à Karnak en Égypte. Ces dix sculptures en bronze s’inscrivent parfaitement dans le rythme régulier des Galeries royales Saint-Hubert, chef-d’œuvre de l'architecte Jean-Pierre Cluysenaar, parmi les plus anciennes galeries de ce type au monde (1847).

- L’idée du départ a toujours hanté Jean-Michel Folon. Le jour de ses 21 ans, en 1955, le jeune artiste quitte le domicile familial pour rejoindre les environs de Paris et tenter sa chance en France. Tout au long de sa carrière, il a vécu en homme libre, a échappé à toute classification et a fait sienne la formule selon laquelle « la vie est un voyage ». Dominant le parterre du Mont des Arts, une valise en bronze, intitulée Partir (2002), tout en invitant au voyage, exalte la stricte symétrie du jardin conçu par le paysagiste belge René Péchère en 1957 et canalise la perspective vers le bas de la ville et la splendide tour gothique de l’Hôtel de Ville de Bruxelles. 

- dans l’une des arcades néoclassiques de la place Royale, prend place L’Envol (1996), une sculpture monumentale en bronze (1996), qui présente le personnage emblématique de Jean-Michel Folon, sorte de Monsieur-Tout-le-Monde, auquel chacun peut s’identifier. Il contemple le ciel et le Musée Magritte. En ce moment s’y tient en effet une exposition qui met en dialogue des œuvres de Magritte et de Folon. Magritte, de 36 ans l'aîné de Folon, a marqué ce dernier, qui ne le rencontrera jamais, en lui montrant la voie vers l’imaginaire et le mystère en art.

-   le square du Petit Sablon constitue l’un des bijoux paysagers du centre de Bruxelles. Ce jardin de style néo-renaissance est orné de statues de grands artistes belges du XIXe siècle. Cinq sculptures de Folon, loin d’en défaire l’ordonnancement, lui donnent un supplément d’âme. En 1995, alors qu’il s’est lancé dans la statuaire depuis quelques années, Folon veut montrer ce travail au public. Il choisit ce square, qu’il aimait, au cœur de sa ville natale.

Je me souviens (2003) est bien plus qu’une simple statue en bronze, mais une véritable installation dans laquelle les visiteurs sont partie prenante. Cette œuvre est un hommage au journaliste italien Indro Montanelli (1909-2001).

Femme-oiseau ( 1993) Folon racontait qu’il était tombé amoureux d’une petite statue des Cyclades au Metropolitan Museum à New York. Frontale et hiératique, cette femme à tête d’oiseau est un hommage de l’artiste à la lointaine idole grecque.

Chat (1996) Amoureux des chats comme beaucoup d’artistes, Folon représente ce gros matou, en bronze, directement posé sur l’herbe, avec une aura rassurante et apaisante.

L’Amour fou (1993) est l’une des premières sculptures de Folon, qu’il taille dans une mince poutre en bois avant de la transposer en bronze. Son nom résonne avec le visage en forme de cœur qui la couronne.

Cet Oiseau (1993) est issu du premier geste de Folon sculpteur qui, vers 1990, prenant un manche de brosse et un petit couteau de cuisine, y taille une tête d’oiseau.

Si ce Sculptures Walk, qui mêle un peu de la poésie nostalgique de Folon à notre course quotidienne, est limitée dans le temps, il est toujours possible de profiter tout au long de l’année des œuvres dont peut s’enorgueillir notre région : la Ville en marche près de la gare du Nord (2001), le Messager au parc de Bruxelles (1997), la Fontaine aux Oiseaux à Watermael-Boitsfort (1995), le Grand Oiseau, place du Grand Sablon (1992) sans oublier la peinture murale Magic City ornant la station de métro Montgomery (1976).

(en collaboration avec la Fondation Folon)