La Diaphane

Considéré comme le père de l’affiche moderne, Jules Chéret révolutionne la communication visuelle urbaine à la fin du 19e siècle. Maître de la lithographie en couleur, il crée des compositions séduisantes et dynamiques, véritables icônes de la culture visuelle populaire. L’affiche La Diaphane illustre la rencontre entre innovation technique, stratégies publicitaires et culture naissante de la célébrité.

L’affiche vante une poudre de riz réputée pour illuminer le teint. Ce cosmétique connaît une vulgarisation sans précédent à la fin du 19e en raison du contexte de transformation des normes de beauté, de consommation et d’hygiène. Incontournable de la toilette féminine, elle s’impose comme un geste quotidien qui affirme la modernité et le raffinement.

En associant son image à Sarah Bernhardt, actrice de renommée internationale, la marque s’assure prestige et crédibilité. À la fois utilisatrice et ambassadrice des produits La Diaphane, elle prête son nom et son corps à la marque afin d'asseoir sa popularité. Cette alliance annonce les prémices d’un marketing d’influence où l’image d’une personnalité publique devient vecteur de désir, de confiance et d’adhésion. Dans cette affiche, Chéret représente l’actrice vêtue d’une robe rouge éclatante et d’un boa de plumes, se poudrant le visage, la tête rejetée en arrière.

Chéret ne livre cependant pas un portrait fidèle de Bernhardt. Il l’intègre à un archétype récurrent dans son œuvre, la « chérette », figure féminine joyeuse, légère et séduisante. Si la chevelure rousse permet de reconnaître la comédienne, la représentation relève davantage de son univers graphique.

En sublimant l’acte intime de se poudrer, Chéret transforme un geste domestique en scène de spectacle. Cette composition témoigne de la manière dont l’art publicitaire s’approprie les codes esthétiques contemporains pour séduire un public élargi, tout en façonnant de nouvelles représentations du féminin et de la modernité.

MLF