Description

Le Vieux Cornet (Hof ten Horen), situé dans le vallon de l’Ukkelbeek, à côté du domaine de Wolvendael, est un des bâtiments les plus anciens d’Uccle : sa tour date du XVe siècle tandis que le corps de logis a été édifié en 1748. D'apparence modeste et paisible, ce manoir était autrefois utilisé par les échevins du tribunal de la Vénerie. On y jugeait certains délits de chasse, d’où l'emblème, un cor de chasse gravé dans une pierre, qui donna son nom à l'édifice. Après avoir changé maintes fois de propriétaire, le Vieux Cornet devient au XIXe siècle une guinguette. Son cabaret rustique, très populaire, attire des ouvriers, des bourgeois, mais surtout des écrivains et des artistes qui travaillaient devant leurs chevalets, placés dans le jardin, à l’ombre des grands arbres. C’est ainsi qu’à partir de 1908 une série d’expositions de peinture – animées par un groupement d’artistes à l’origine de l’Uccle Centre d’Art – est organisée dans cet établissement, transformé en salon d’art. 

Le tableau de Carl Frederich Werlemann, Le jardin du Vieux Cornet, provenant de la donation Errera, restitue l’ambiance charmante, paisible et champêtre de ce lieu emblématique de l’histoire artistique uccloise au début du XXe siècle. L’artiste, d’origine hollandaise, s’était établi d’abord à Uccle en 1888, puis à Ixelles, en 1937. Connu surtout pour une série de paysages profonds et crépusculaires exécutés en Norvège, ainsi que pour ses vues de sites pittoresques des communes bruxelloises, cet artiste inspiré par la nature (ses sujets de prédilection sont les paysages, les natures mortes et les bouquets de fleurs) était membre du cercle artistique Le Labeur, fondé en 1898 par quelques artistes issus du groupe La Patte de Dindon. Nous pouvons situer ce tableau dans une période de transition de son activité de peintre: sa palette abandonne les nuances sombres et l’œil acquiert plus de finesse, arrivant à poétiser de manière suggestive le jardin de la guinguette où la lumière tamisée pénètre par petits éclats à travers les branches des arbres au premier plan, et enveloppe pleinement le sol et les murs, brossés avec des nuances claires et plus ternes, en arrière-plan.

Auteur : Association du Patrimoine artistique, D. Prina, 2024

Sources

Sur l’artiste :

Société des Aquafortistes belges : Concours de 1897, Bruxelles, Van Campenhout, imprimeur de la Société, 1897.

Société des Aquafortistes belges : Concours de 1898, Bruxelles, Van Campenhout, imprimeur de la Société, 1898.

La Norvège. Exposition Carl Werlemann, Bruxelles, Cercle Artistique et Littéraire, du 11 au 21 novembre 1907.

PIERRON, S., « Les lettres et les arts. Les salonnets de la semaine, Salle Studio, Carl Werlemann », dans L’Indépendance Belge, 05 février 911, Ed. 1, p. 2.

D. E. « Exposition Carl Werlemann », dans La libre Belgique, 30 mars 1926, Ed. 1 p. 2.

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