Emplacement
Type d'objet
Matériaux
Techniques
Exposition
Inscriptions
Dimensions
hauteur 100.5 cm — largeur 70 cm (sans cadre)
Numéro d'inventaire
Identifiant Urban
Description
Après
un parcours académique couronné par l’obtention du Prix de Rome, le Bruxellois
Xavier Mellery développe une œuvre très personnelle, que l’on peut diviser en
deux catégories : des œuvres allégoriques annonçant l’idéalisme, et des
œuvres symbolistes au caractère plus intimiste – à l’instar de ce grand dessin.
Après
la prière du soir combine ses sujets de prédilection : des espaces a
priori anodins, souvent de transition – ici, la cage d’escalier – de sa maison à Laeken, qui
lui a « révélé l’âme des choses », et des béguines, religieuses
vivant jadis en communauté. La première fois que Mellery figure des béguines
remonte à son illustration du livre La
Belgique de Camille Lemonnier, écrivain avec lequel il parcourt le
pays dans les années 1880. Lemonnier lui rappellera plus tard, « Tu te
souviens, toi, l’amoureux des pâles religieuses et des créatures souffrantes,
tu te souviens mon cher Mellery, de notre entrée au béguinage de Gand »…
Pour
ce dessin, probablement réalisé vers 1910, cet « amoureux des pâles
religieuses » va au-delà de l’instantané documentant des religieuses se
retirant dans leurs quartiers, leur journée terminée. Mellery effectue ici tout
un travail de composition et de synthèse à partir de motifs privilégiés, afin
de formuler une image factice, hautement évocatrice.
Ce
qui l’intéresse, c’est de suggérer une atmosphère d’intériorité, de silence, de
recueillement, de sacralité… Pour cela, il met en scène une procession
ascendante – élévation lourde de sens dans un contexte religieux. Cette
procession est à la fois suspendue dans le temps, et rythmée à la
perfection : les balustrades et leurs ombres induisent quelque chose de
l’ordre du cadran, et conformément à leur position sur l’escalier, chaque
béguine semble tout juste tournée d’un quart de tour supplémentaire vers la
gauche… La stylisation poussée se remarque au niveau de ces figures si
justement positionnées, rendues sans individualité, voire sans visage – presque
interchangeables.
Mellery
parle de « visions synthétiques », au caractère mystique encore
exacerbé par les jeux de lumière – la suspension sphérique se détache de la
pénombre, comme les voiles blancs des béguines, étendues de lumière. Enfin,
caractéristique symboliste, la technique employée par Mellery contribue au
caractère évanescent de l’image – ici, il joue de la craie noire sur le grain
du papier, intervention légère et vibrante se prêtant particulièrement à
l’évocation d’une vision.
Sources
VANHAMME,
V., Xavier Mellery. L’âme des choses, catalogue d’exposition, Musée Van Gogh,
Amsterdam, Musée d’Ixelles, Ixelles, 2000.
STEVENS, M.-A., HOOZEE, R. (éd)., Impressionism to Symbolism: Belgian Avant-garde, 1880-1900, catalogue d’exposition, Royal Academy of Arts, Londres, Pandora, 1994, p. 178.
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